Le roman "Saganol" de Patricia Eberlin:
"J’ai dix ans. Je sais nager depuis l’été dernier et, depuis la rentrée scolaire, nous allons à la piscine une fois par semaine, ma sœur Véronique et moi. Après des années de crainte de l’eau, je savoure enfin la joie de plonger du petit bord, là où j’ai tout juste mon fond et, plus jouissif encore, du plongeoir des un mètre, en face, sur le grand bord. Deux marches pour grimper sur la planche flexible et me retrouver un mètre au-dessus de la surface de l’eau. Je vois le carrelage du fond à travers trois mètres d’eau claire. Impressionnant.
À côté : les trois mètres. Grimper la dizaine d’échelons de l’échelle métallique, l’une se retrouvant sur la plateforme protégée par une rampe pendant que l’autre, d’en bas, l’encourage. Dominer ainsi le bassin olympique est angoissant. Trois mètres de vide avant d’atteindre l’eau. Nous n’avons encore pas osé nous élancer, nous redescendons systématiquement à pied.
Ce jour-là, je me sens plus de courage que d’habitude. J’ai vraiment envie de sauter de ce plongeoir, mais la peur me noue toujours le ventre.
— Si tu sautes, je te paie un paquet de Sanagol !
Des friandises acidulées au goût chimique, gomme arabique à la consistance molle que je n’aimais pas particulièrement, mais Véronique oui. C’était le bonbon à la mode. J’ai sauté. Elle après moi, puisque manifestement j’en étais sortie vivante et même euphorique.
J’ai longtemps traîné la réputation d’avoir osé sauter pour un Sanagol comme d’aucuns ont fait des choses contre un plat de lentilles, mais je savais, moi, que j’avais sauté parce que j’avais enfin contacté mon courage. Il me fallait juste un déclic, une impulsion.
Un Sanagol.
Renée vit une séparation conjugale brutale. Deux ans plus tard, son frère meurt d'un cancer. Elle l'accompagne sur le seuil pour franchir la porte entre les mondes. Grâce à cette double épreuve, Renée contacte en elle des ressources insoupçonnées qui vont lui permettre de progresser. Clairvoyante, un dialogue s'installe entre elle et ce frère qui raconte ce qu'il vit de l'autre côté. On parle des petites morts et des seuils à traverser qui font partie de la vie.
Ce Sanagol est la métaphore de l'instant alchimique de la transformation. C'est la seconde de basculement qui contient toute la puissance de la métamorphose."
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