Qu'est-ce-que la compassion ?

Cette question, je me la suis souvent posée, il y a peu, une collègue de travail me confie que son mari est parti après 35 années de vie commune pour une autre...et qu'elle se sentait complètement perdue, et dans une grande souffrance. Je me suis mise à l'écouter, à lui parler de mes maigres expériences en la matière autour de moi...mais après coup je me suis sentie quelque-peu démunie, comment l'aider ? simplement être là, présent, sans prendre parti, resté neutre, à l'écoute. Être avec sa souffrance sans la prendre au niveau émotionnel...je ne savais pas vraiment comment la consoler...ne voulant pas lui dire n'importe quoi...

Puis après, je me suis demandée: Qu'est-ce-que la compassion ?

Un début de réponse de krishnamurti:

"Qu’est ce que la compassion ? La question n’a rien à voir avec la définition du dictionnaire. Quelle relation y a-t-il entre l’amour et la compassion ? Se confondent-ils en un même processus ? L’emploi du mot relation sous-entend une dualité, une séparation : quel rôle exact joue l’amour dans la compassion ? N’est-il pas en fait la plus haute expression de la compassion ? Telles sont les questions que nous nous posons. Comment pouvez-vous être compatissant si vous appartenez à une religion, si vous suivez un gourou, si vous êtes croyants, si vous avez foi en vos saintes écritures, etc. si sous êtes attaché à des idées toutes faites ? Lorsqu’on est disciple d’un gourou, on a déjà ses conclusions ; si l’on croit fermement en Dieu, en un sauveur, ou en telle ou telle chose, la compassion peut-elle exister ? Certes, vous pouvez vous rendre socialement utile, secourir les pauvres par pitié, par solidarité, par charité, mais est-ce bien de l’amour, de la compassion ? Comprendre la nature de l’amour, être dans cet état où le cœur est habité par l’Esprit, c’est cela l’intelligence.

L’intelligence consiste à comprendre ou à découvrir ce qu’est l’amour. L’intelligence n’a absolument rien à voir avec la pensée, avec l’aptitude intellectuelle, avec le savoir. Vous pouvez faire preuve de grande capacité dans vos études, dans votre travail, être capable d’argumenter de manière très habile, très logique, mais ce n’est pas cela, l’intelligence. L’intelligence va de pair avec l’amour et la compassion, et il est impossible de faire la rencontre de cette intelligence à titre individuel. La compassion, ce n’est ni votre compassion, ni la mienne, et la pensée non plus ne nous appartient pas, ni à vous ni à moi. Lorsque l’intelligence est là, il n’y a plus ni de vous ni de moi. Elle ne réside ni dans votre esprit ni dans votre cœur. Cette intelligence suprême est partout. C’est elle qui fait tourner la terre, le ciel et les étoiles, car c’est cela la compassion."

http://www.krishnamurti-france.org/Qu-est-ce-que-la-compassion

comment vivez-vous la compassion, un terme qu'on emploie si facilement, mais la vit-on vraiment ?

Personnellement, j'aime beaucoup la compassion; pour moi, c'est lié à la capacité d'empathie et à l'amour universel, parce que la compassion, ça ne s'adresse pas qu'aux proches, c'est qqch qu'on peut ressentir pour n'importe qui, juste pour la simple raison qu'il est un frère humain. Il ny a pas de sentiment de supériorité ou de pitié, pour moi, c'est juste ressentir avec, sans juger et comme tu dis : être là tout simplement. C'est un sentiment que je ressens assez souvent. Mais je trouve plus facile d'avoir de la compassion pour les autres que pour soi-même.

Pour moi, l'empathie, c'est com-prendre, aider concrètement, mais ne pas souffrir avec, car on signifie ainsi que la souffrance est inévitable et justifiée... C'est laisser faire celui qui sait, a travers notre simple présence exempt de tout jugement et recette préconçue... Facile a dire, certes. Mais sur le terrain, c'est ce qui fonctionne quand le lacher-prise est suffisant...


Une vision qui rejoint en partie celle de Krishnamurti:

Citation :

La véritable empathie

« Avoir de l'empathie, cela ne signifie pas de se joindre à la souffrance, car cela est ce que tu dois refuser de comprendre. C'est ainsi que l'ego interprète l'empathie et il utilise toujours cette interprétation pour former une relation particulière dans laquelle la souffrance est partagée. La capacité d'empathie est très utile au Saint-Esprit, pourvu que tu Le laisses l'utiliser à Sa façon. Sa façon est très différente. Il ne comprend pas la souffrance et Il voudrait que tu enseignes qu'elle n'est pas compréhensible. Quand Il entre en relation par toi, Il n'entre pas en relation avec un autre ego par l'entremise du tien. Il ne Se joint pas à la douleur, car Il comprend que la guérison de la douleur ne s'accomplit pas par de délirantes tentatives pour y entrer et la soulager en partageant le délire.

La preuve la plus claire que l'empathie telle que l'ego l'utilise est destructrice réside dans le fait qu'elle ne s'applique qu'à certains types de problèmes et que chez certaines personnes. À ceux là, qu'il sélectionne, il se joint. Et il ne se joint jamais que pour se renforcer lui-même. S'étant identifié avec ce qu'il pense comprendre, l'ego se voit lui-même et voudrait s'augmenter lui-même en partageant ce qui est comme lui. Ne te méprends pas sur cette manoeuvre : quand l'ego éprouve de l'empathie, c'est toujours pour affaiblir; et affaiblir, c'est toujours attaquer. Tu ne sais pas ce que cela signifie d'avoir de l'empathie. Or de ceci tu peux être sûr : si tu ne fais que rester tranquille en laissant le Saint-Esprit entrer en relation par toi, tu auras de l'empathie pour la force et tu gagneras en force et non en faiblesse.

Ton rôle consiste seulement à te souvenir de ceci : tu ne veux pas qu'il sorte d'une relation quoi que ce soit qui a de la valeur pour toi. Tu ne choisis ni de la blesser ni de la guérir à ta façon. Tu ne connais pas ce qu'est la guérison. Tout ce que tu as appris sur l'empathie vient du passé. Et il n'est rien du passé que tu veuilles partager, car il n'est rien du passé que tu veuilles garder. N'utilise pas l'empathie pour rendre le passé réel et ainsi le perpétuer. Écarte-toi doucement et laisse la guérison être faite pour toi. Ne garde qu'une pensée à l'esprit et ne la perds pas de vue, si tenté que tu puisses être de juger une quelconque situation, et de déterminer ta réponse en la jugeant. Concentre ton esprit seulement sur ceci :

Je ne suis pas seul, et je ne voudrais pas imposer le passé à mon Invité.
Je L'ai invité, et Le voici.
Je n'ai pas besoin de faire quoi que ce soit, sauf de ne pas interférer.

La véritable empathie est de Celui Qui connaît ce qu'elle est. Tu apprendras l'interprétation qu'il en donne si tu Le laisses utiliser ta capacité pour la force et non pour la faiblesse. Il ne te désertera pas, mais sois sûr que tu ne Le désertes pas. L'humilité est une force en ce sens seulement : que reconnaître et accepter le fait que tu ne connais pas, c'est reconnaître et accepter le fait que Lui connaît. Tu n'es pas sûr qu'il remplira Son rôle, parce que tu n'as jamais encore rempli le tien complètement. Tu ne peux pas savoir comment répondre à ce que tu ne comprends pas. Ne t'y laisse pas tenter et ne cède pas à l'usage triomphant que l'ego fait de l'empathie pour sa gloire. »

(extrait du chapitre 16 – Un Cours en miracle

Merci Alain, ça sonne tellement juste, encore une fois!

Citation :

comment vivez-vous la compassion, un terme qu'on emploie si facilement, mais la vit-on vraiment ?

je ne vais pas répondre à ta question ici Myriam car j'ai écrit sur la façon dont je pouvais vivre la compassion sur mon blog et je crois y avoir dit l'essentiel de ce que je ressens :

http://sandrine.pertin.over-blog.com/pages/Livre__Un_petit_tour_en_compassion_1-248504.html

cependant, ce qui est intéressant lorsque je te lis c'est que cela fait deux fois que l'on me donne le même exemple en peu de temps : un homme qui, du jour au lendemain, dit à sa femme : "je te quitte pour une autre"...sans que cette femme ne se soit douter de rien depuis toutes ces années...une amie m'a raconté un cas exactement similaire il y a peu...

et je peux te dire par contre, ce que cela a éveillé en moi :

j'ai regardé cette femme qui est moi quelquepart...je me suis mise à sa place et ai regardé ce que j'aurais ressenti si cela m'arrivait...j'ai regardé comment j'aurais pu moi aussi être avec un homme si longtemps sans jamais me douter qu'il ait juste envie de me quitter ou qu'il en voie une autre...j'ai regardé cet homme qui est moi lui aussi et la souffrance que doit être la sienne d'être pris entre deux histoires...lui qui a laissé aller l'amour avec sa femme, tout comme elle l'a fait...lui qui rêve d'un autre amour aujourd'hui et qui est honnête avec l'autre en lui disant haut et fort...lui qui a le courage de prendre cette décision...

j'ai regardé ces personnages qui ne sont pas séparés de moi et tout ce qu'ils éveillent en moi...j'ai regardé à quel point chacun d'eux est innocent en fait...elle a voulu y croire...il veut être honnête...je me dis que tout est parfaitement parfait et j'applique ma leçon du jour : "je ne juge rien de ce qui arrive"...et enfin, je bénis cette femme, du plus profond de mon coeur, l'imaginant, la rêvant, la créant heureuse pour toutes les moments à venir...


BISOUS DOUX

Merci Sandrine pour tes textes, plein de justesse.

Comprendre l'autre, c'est l'aimer...sans le juger, quelle que soit sa décision.

Etre en accord avec soi-même, c'est bien le plus important.

La compassion c'est l'empathie avec une notion d'universalité. Vous exprimez tous mieux que moi-même ce qu'est la compassion et je vous en remercie. j'ai un esprit qui va à l'abstraction afin d'essayer de faire passer à tous ceux qui n'aiment pas lire, l'essentiel d'un enseignement.
Je découvre ton blog Sandrine avec Bonheur. je vais le parcourir au grés du temps disponible. J'allais aussi dans la cité cristalline sous le lac d'Annecy te lire m'incite à y retourner. Merci Sandrine.

Compassion et Empathie peuvent être des pièges mortels s'ils ne sont pas LIES à la QUETE de VERITE INTERIEURE INCESSANTE et à la GARDE INCESSANTE du MEILLEUR de SOI dans un JUSTE MILIEU en TOUT contre les DANGERS de la DISPERSION pour L'ILLUSION et ou la VANITE......car même les TROMPEURS savent très bien susciter envers eux de l'Empathie, de la Compassion, en détournant notre attention, notre énergie vers leurs oeuvres fausses......

Voir le Fichier : Le_POINTER_du_DOIGT_sur_LAUTRE.pdf

Lire ce PDF pour comprendre comment ""certains""" se servent sans cesse de la sucitation des sentiments d'Empathie et de Compassion pour parvenir au pouvoir du dominer et de l'asservir les autres, sans clair discernement, qui se laissent prendre à leur piège...

L'existence n'est pas un long fleuve tranquille et les artificiers du TROMPEUR sont partout qui cherchent à détourner du CHEMIN......et nombreux sont ils et elles en belles et intenses intelligences qui se sont laisser prendre au piege.....Je ne veut pas dire là que l'Empathie et la Compassion ne devrait pas être favoriser, je dis ATTENTION......regardez y à deux fois, et même plus avant de donner dans la COMPASSION et L'EMPATHIE.......car les choses sont un peu plus complexes que cela que l'on perçoit à prime abords....

Citation :

J'allais aussi dans la cité cristalline sous le lac d'Annecy te lire m'incite à y retourner.

Si tu sens de partager tes expériences, je te lirai avec plaisir,

Bisous Mamichaël

Article sur l'empathie dans la communication...

http://www.maieusthesie.com/nouveautes/article/empathie.htm

extrait: "Plutôt s'ouvrir sans se mettre à la place

Se mettre à la place de l'autre est un "jeu" compliqué et dangereux. L'autre s'y sent incompris (ça peut même le rendre agressif... ou déprimé!). Quand à nous, nous croyons l'avoir compris et nous ne saisissons que de l'illusion... ce qui en découlera sera donc inadapté. En plus nous nous chargeons d'un poids qui ne nous appartient pas en tentant de "ressentir" ce que vit l'autre.

Nous pouvons faire beaucoup mieux en nous ouvrant simplement à notre interlocuteur.

Plutôt que de nous mettre à sa place, nous pouvons mettre du soin à l'entendre exprimer ce qu'il ressent, pense, ou vit à la place où il est. En laissant notre imaginaire et nos hypothèses de côté, nous pourrons mieux le comprendre."

Bonjour Myriam
Merci pour ces précisions éthymologiques
Comme quoi quand on emploie un mot il faut savoir comment notre interlocuteur le comprend.
L'empathie dont parle les ouvrages de Marchall Rosenberg " les mots sont des fenêtres ou des murs" a pour signification de ne pas prendre la place de l'autre, d'être à l'écoute de l'autre et de soi même pour poser les bonnes questions trouver les bonnes réponses.
c'est en opposition avec sympathie qui est de souffrir avec l'autre...
bien sur de souffrir avec l'autre ne l'aide pas mais entretien un cercle pensées de souffrance.
L'article que tu nous offres montre bien que ce terme n'est pas utilisé dans son éthymologie

Ne sont-ils pas nos plus grands maîtres ?

On peut être dans la compassion SANS: avoir le:

Le syndrome du sauveur: Se libérer de son besoin d’aider les autres

http://psycho-ressources.com/blog/le-syndrome-du-sauveur-besoin-de-sauver/

Aider les autres, oui, mais en connaître au fond de soi les motivations est éclairant sur notre fonctionnement, je crois qu'en aidant les autres, on s'aide soi...le voir.

Bonne fin de semaine à tous

Myriam

Ouh la faut que je lise ce lien qui semble me toucher de près..


la compassion ce n'est pas le pardon non plus ..eh !

car là avec le pardon .. j'ai bien du mal ..

Il y a une discussion sur le pardon ??