"... le contraire du samsara, c'est quand tous les murs s'écroulent, quand le cocon disparaît complètement et que nous sommes totalement ouvert à tout ce qui peut se passer, sans mouvement de recul et sans nous centrer sur nous-même. C'est le voyage du guerrier, c'est ce à quoi nous aspirons. C'est ce qui nous secoue et nous inspire : faire un bond en avant, être jeté hors du nid, participer aux rites d'initiation, grandir, mettre un pied sur un terrain incertain et inconnu.
Si l'on adopte ce point de vue, on voit alors que la mort est en fait ce confort, cette sécurité, ce cocon, ce comprimé de vitamines... le samsara consiste à préférer la mort à la vie.... Quand vous retrouvez ces sentiments d'anxiété anciens et familiers, parce que votre monde s'écroule et que vous ne vous sentez pas à la hauteur de votre propre image, quand tout le monde vous irrite au plus haut point parce que personne n'agit comme vous le voulez et tous abîment tout autour de vous, quand vous vous sentez dans un état épouvantable, que vous détestez tout le monde, que votre vie est pleine d'émotions pénibles, de confusions, de conflits, alors souvenez-vous. Rappelez-vous que vous subissez tous ces bouleversements émotionnels simplement parce que votre petit confort a été plus ou moins remis en question. Mais, au fond, vous préférez vraiment la vie et l'attitude du guerrier et non la mort..."
".....L'essence du samsara est cette tendance à chercher le plaisir et à éviter la douleur, à chercher la sécurité et à éviter l'absence de base solide, à chercher le confort et à éviter la gêne. Une leçon essentielle peut être tirée de tout ça, c'est que c'est ainsi que nous restons tristes, malheureux, prisonnier d'une vision étroite de la réalité. C'est ainsi que nous nous gardons enfermé dans un cocon.....C'est sûr, sans incertitudes, c'est pratique, c'est fiable. Quand nous rentrons chez nous, nous savons exactement où sont les meubles et c'est ce que nous voulons. Nous savons que nous avons les appareils ménagers nécessaires et les vêtements que nous aimons. Si nous nous sentons mal à l'aise, nous comblons les manques. Notre esprit cherche toujours des zones de sécurité...
Mourir, c'est perdre cela. C'est ce que nous craignons, ce qui nous rend anxieux. On pourrait dire que la mort est gênante....Nous voulons savoir ce qui se passe. L'esprit cherche toujours des zones de sécurité mais celles-ci se défont toujours. Alors, nous nous débattons pour en trouver d'autres. Et nous dépensons toute notre énergie, nous gâchons notre vie à essayer de recréer ces zones de sécurité, qui s'effondrent sans cesse. C'est le samsara."
extrait de entrer en amitié avec soi-même [Pema Chodron]