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 Le désir...

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Myriam
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Myriam


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MessageSujet: Le désir...   Le désir... EmptyLun 5 Déc 2011 - 18:32

Un article intéressant à ce sujet !

"Du désir désirant à la violence du désir
Par Jacques Salomé

Nous sommes des êtres de désir. Le propre du vivant tient à la présence du désir en nous.

Le mot désir vient du latin : de sidera qui signifie privé des étoiles, Séparé des astres. Sommes-nous donc privés d’étoiles ? Sommes-nous séparés d’une étoile, d’une planète, d’un paradis pour que nous portions chacun en nous une telle nostalgie ? Oui, certainement.

Les êtres réalisés qui ont rejoint leurs étoiles intérieures vivent, dit-on, un bonheur sans désir. S’interroger sur le mystère du désir, c’est ouvrir une porte à la quête essentielle de l’homme, à son mouvement vers l’inaccessible, à son aspiration, à un ciel non pas réduit au religieux mais ouvert sur le divin.

Certaines dépressions seraient la perte de cette recherche, de cet espoir. La dépression se vit parfois comme un état sans désir (je n’ai envie de rien) mais c’est l’état sans désir de celui qui n’ayant pas trouvé, ne croit plus au possible d’un changement, se désespère, renonce à chercher, abandonne.

Parfois aussi notre désir essentiel risque de s’éparpiller, de s’ancrer ou de se perdre dans une voie lactée d’étoiles partielles. D’autres fois encore le désir veut prouver son existence et il se cherche et s’incarne dans un objet, dans des biens matériels, sensoriels, affectifs, culturels et éthlques. Alors il renaîtra sans cesse des cendres, des déceptions et des satisfactions momentanées pour se trouver encore dans de nouveaux biens, de nouveaux objets, de nouveaux engagements.

Dans les relations humaines le désir a toujours deux faces : Mon désir vers l’autre, caractérisé par le mouvement, la créativité, l’offrande. J ’ai envie d’être avec lui, de lui parler, de lui donner, de le connaître », « J’ai envie de m’apporter à l’autre).

Mon désir sur l’autre, ou le désir du désir de l’autre (« j’ai envie qu’il ait envie d’être avec moi, de m’écouter, de recevoir ce que j’apporte, de se laisser connaître ». « J’ai envie qu’il entre dans mon désir », « si je te désire, je désire que tu me désires »).

Conduire aux exigences et aux aberrations relationnelles du type :

« Tu dois m’aimer ».

« Tu ne peux pas me faire ça »

« Tu dois t’occuper de moi puisque je ne peux pas me passer de toi ».

Ce désir‑là débouche sur la violence contre soi‑même, contre l’autre. Car nous n’avons pas prise sur le désir de l’autre, nous n’avons que le pouvoir restreint de l’éveiller et de le stimuler (éventuellement). Le désir de l’autre lui appartient, il est spontané ou il n’est pas. Cette impuissance‑là, quand nous découvrons nos limites sur le désir de l’autre n’est jamais vraiment acceptée. Nous tentons souvent, sans relâche, d’imposer à l’autre :

« Les désirs qu’Il devrait éprouver ».

- Tu devrais être heureux (se), tu as tout ce qu’il faut...

« Mais alors tu ne veux pas me faire plaisir ? « « Tu devrais avoir envie de réussir »

« Tu devrais être content de ce que j’ai fait pour toi ».

Oui notre propre désir n’a aucun pouvoir sur le désir de l’autre, et cette découverte répétée blesse les reliquats de notre toute‑puissance perdue.

Alors nous rencontrons notre refus profond, notre inacceptation intime d’être dépourvu de ce pouvoir et c’est difficile à vivre et parfois insupportable à accepter.

Dès qu’il se vit comme distinct de sa mère, le bébé apprend très vite qu’il n’a pas prise sur ses sentiments à elle. Il peut exercer un certain pouvoir sur ses actes. (s’il crie assez longtemps elle viendra) rnais pas sur ses désirs, (elle viendra à contre cœur, ou elle satisfera ses demandes avec une ambivalence qui le marquera.) L’enfant peut découvrir qu’il a de l’influence sur les sentiments parasitaires comme la culpabilité, la peur de trop faire, de ne pas faire assez ou sur l’image que l’autre veut avoir de lui‑même. Combien d’enfants sont habiles à jouer sur l’image de « bonne mère » ou de « bon père » que nous voulons avoir, que nous voulons donner. En trente ans plus tard ces ex‑bébés devenus parents tenteront encore d’exercer ce pouvoir auquel ils n’auront pas renoncé sur un être dépendant d’eux, leur enfant, en « marchandant » plus ou rnoins consciemment ses sentiments.

Ils monnayent le renoncement de l’enfant à ses propres désirs pour la promesse illusoire d’un peu plus d’amour.

« Entre dans mon désir, et je t’aimerai plus... »

« Tu ne peux pas faire cette peine‑là à ton père, il ne s’en remettrait pas ».

« Ce n’est pas possible que tu puisses aimer ta grand-mère plus que moi, elle ne t’a pas porté dans son ventre, elle... »

« Allez si je t’ai fait de la peine n’y pense plus, tu devrais être heureux de m’avoir... »

Dans les relations proches les pressions s’exercent dans plusieurs directions, celles d’un adulte sur un autre, celles des enfants sur les parents, celles des parents sur les enfants, sur la base d’une croyance irréelle et irréaliste selon laquelle : Je pense pouvoir modifier les sentiments de l’autre à mon gré en lui proposant de l’amour en échange. En réalité, que je sois enfant ou parent, je n’ai que deux chemins possibles.

* Je peux accepter que l’autre soit différent et s’affirme tel qu’il est avec des désirs propres, parfois semblables aux miens et d’autres fois éloignés des miens.

* Ou je ne peux que séduire l’autre, le contraindre, le manipuler, le mystifier, ou même le rendre fou, mais sa spontanéité échappera toujours à mon désir d’influence.

Les partenaires en amour jouent sans toujours le reconnaître, aux mêmes jeux relationnels, bien sûr, avec un enjeu supplémentaire : le désir sexuel reconnu ou caché qui s’actualise par des demandes proposées,imposées ou niées.

Il y a dans l’esprit et le cœur de beaucoup d’adultes une confusion certaine entre amour et désir. Beaucoup d’hommes et de femmes imaginent qu’ils aiment parce qu’ils sont désirants et ils attendent ainsi une preuve de réciprocité.

« Regarde comme je t’aime j’ai toujours du désir pour toi » dira cet homme à sa femme qui, elle, I’aime sans pour autant éprouver toujours du désir. Ce qui permettra à cet homme d’affirmer :

"Si tu n’as pas de désir, c’est que tu ne m’aimes pas ». Il tente ainsi de nier le mystère du désir, le miracle de son émergence, sa mobilité et sa fluidité.

Le désir est vraiment un mystère dans le sens où il échappe à toute définition, à tout enfermement. Ce qui nous semble le mieux le décrire c’est l’idée de mouvement. Le désir est un mouvement porteur d’énergie, porteur d’un élan du meilleur de nous‑mêmes vers le meilleur de l’autre. Le désir de la présence de l’autre, de son amour, de ses attentions peut être variable, mouvant, instable. lI peut se dérober, se diluer, voir disparaître sans raison, sans cause apparente.

Le désir sexuel par exemple peut s’évanouir chez une femme après une naissance ; comme si le bébé, nouveau venu, comblait ses sens, rassasiait toutes ses aspirations.

Le désir sexuel si puissant quelques mois encore auparavant peut s’atténuer, se dissoudre chez un homme sans qu’aucune stimulation ne parvienne à l’éveiller. Ces phénomènes incontrôlables vont réveiller chez I’autre partenaire une souffrance insupportable parce qu’incompréhensible. Il peut chercher des causes en lui -même.

« Qu’est‑ce que j’ai fait, ou dit, ou pas fait. » Ou chez l’autre.

« ll est fatigué, il/elle en aime un/e autre, il ou elle vieillit... »

Avec un aveuglement pathétique le désirant tente de comprendre, d’expliquer, d’influencer la situation. L’appel aux sentiments, au devoir, à la volonté se révélera pernicieux dans le sens où il accélérera les blocages.

« Si tu m’aimes vraiment...si tu es ma femme, si tu es normale, tu ne peux pas ne pas avoir de désir. »

« Si tu le voulais réellement tu y arriverais"

Il cherchera à tout prix une explication qui de toute façon ne le satisfera pas.

Il y a chez le désirant un acharnement dérisoire mais puissant pour chercher à comprendre, à expliquer et donc à influencer le positionnement de l’autre.

Dans ce domaine qui échappe à toute logique, le recours à la bonne volonté et à l’effort est illusoire.

Dans le domaine de la relation de couple nous voyons parfois certains partenaires prêts à violenter et combattre par tous les moyens le non­ désir de l’autre. C’est à la fois terrible et très émouvant de voir deux êtres qui s’aiment et qui désirent poursuivre une relation de couple se déclarer une guerre meurtrière d’influence et de contre‑influence, pour tenter chacun, de dicter à I’autre comment il doit être. Car le non.

Le désirant aussi va dire à son partenaire :

« Tu ne penses qu’à ça, tu pourrais t’intéresser à moi d’une autre manière, vivre avec moi d’autres désirs, je ne suis pas là que pour faire l’amour... »

Tout comme les parents d’antan, chacun envoie à l’autre des messages

Aliénants :

« tu devrais renoncer à ton désir ou à ton non‑désir et entrer dans le mien, avec plaisir »

« ll n’y a pas que ça quand même, arrête de te faire souffrir tous les jours, tu sais bien que je t’aime... »

Le harcèlement pour l’obtention du plaisir de l’autre participe de la dynamique suivante :

« Non seulement je veux que tu aies du désir, mais aussi du plaisir, car c’est cela qui est bon pour toi, c’est cela que l’attends de toi.,. Pour me sentir bien, pour me sentlr un vrai homme (ou une vraie femme) ».

Il semble quasi impossible d’entendre que le désir et le plaisir appartiennent à celui qui les éprouve. Quasi Impossible de renoncer à ce mythe de la puissance possible sur le désir d’autrui. Inacceptable d’ébranler la croyance tenace en la toute‑puissance de l’amour :

« Si mon amour est suffisamment fort, il /elle en arrivera à m’aimer de la même façon que je l’aime. »

Alors nous allons imposer à I’autre un amour qui sera... un étouffoir.

Face à la demande impérieuse de l’autre, celui qui subit la pression peut éprouver un sentiment archaïque d’inexistence, il peut se sentir nié,mauvais, pas à la hauteur, pas normal.

Dans certaines relations, quand l’autre a été particulièrement comblant et « qu’il se dérobe un jour à mon désir, il me dépossède du sien, je me sens alors renvoyé au néant. J’existais par le désir de l’autre, et sans ce désir vers moi la vie n’a plus de goût, plus de sens."

Cela peut réactiver les béances insondables et mal cicatrisées des manques toujours présents de la petite enfance, même quand nous croyons les avoir oubliés. C’est ce qui explique les réactions disproportionnées, violentes, irrationnelles qui surgissent chez des adultes par ailleurs raisonnables, censés, respectueux et même très ouverts sur le plan social mais qui dans l’intimité sont capables des pires outrances.

Que devient alors un désir qui ne rencontre pas de réponse satisfaisante ?

L’intolérance à la frustration l’a peut‑être transformé en vaine exigence, (demandes répétées) en blessures profondes, (mutisme, refus,repliement sur soi) en obsession dévitalisante (canal +, pornographie...) Il entraîne la plupart du temps dans l’accusation de l’autre ou de soi-même.

Et après ? Va-t‑il se renier, se refouler, s’éteindre, se réorienter vers d’autres objectifs ? Va‑t‑il demeurer vivant et blessé, ou vivant et créatif ? Tous les possibles sont présents.

Certains ont tendance à renier leur désir aussitôt qu’il rencontre une réponse négative. Ils confondent le désir avec la réponse reçue.

« Je n’ai pas envie de l’épouser puisqu’il ne veut pas. Je ne peux pas avoir envie de me marier avec quelqu’un qui n’en a pas envie ».

« Je n’ai plus envie de faire ce voyage, puisqu’elle m’a dit qu’elle n’aimait pas l’Italie ! »

« Je n’al plus envie de lui, depuis qu’il est allé avec une autre. »

Ils ne respectent pas leur désir propre, ils l’orientent en fonction de la réponse de l’autre lequel collabore parfois à cette négation :

« Tu ne devrais pas avoir envie de te marier avec moi puisque tu sais que je ne le veux pas ».

Cette confusion entre le désir et la réponse est très généralisée. C’est une tactique d’évitement de la frustration, une protection contre la blessure d’une fin de non‑recevoir.

« Plutôt refouler mon désir que de lui donner la forme d’une demande et risquer la blessure d’un non ».

Ce qu’il faut savoir c’est que le désir a surtout besoin d’être entendu, reconnu par moi‑même et par l’autre. Pour entendre mon désir propre, je dois le distinguer de la réponse supputée de l’autre, et de son éventuelle approbation ou désapprobation. Aucun désir ne peut s’énoncer en termes de "si tu veux" ou "si tu es d’accord. » Le vouloir ou l’accord de l’autre, c’est la réponse, ce n’est pas le désir. Oui, dans un premier temps oser reconnaître que j’ai un désir et qu’il est bien chez moi (ou un non-désir). Ensuite oser reconnaître le désir (ou le non‑désir) de l’autre comrne étant bien... chez l’autre.

Cette démarche de séparer le désir de sa satisfaction peut sembler aberrante. Tout se passe comme si le dynamique interne de certains désirs ne pouvait pas s’envisager sans être comblé ! Dans beaucoup de relations parentales (désir des parents sur l’enfant, désir de l’enfant sur les parents) comme dans de nombreuses relations affectives, un terrorisme relationnel violent ou subtil, parfois barbare, sévit surtout lorsque le désir est nié, par soi‑même ou par l’autre, lorsqu’il n’est ni reconnu, ni énoncé.

Reconnaître le désir de l’autre ne signifie pas se sentir obligé de le satisfaire.

** Puis-je reconnaître que je désire avoir un enfant si je sais que mon partenaire n’en veut pas et que mon désir le fera peut‑être fuir ?

** Puis-je reconnaître que mon Fils désire une présence que je ne peux pas lui donner, ou vais-je disqualifier, rejeter son désir en lui disant qu’il est trop dépendant.

Le désir protéiforme dans ses manifestations, mystérieux dans son éveil, et surtout évolutif, mobile, changeant, est le nerf de toutes les relations et de tous les projets, de tous les drames aussi.

Son infinie variété et sa ténacité à renaître suscite émerveillement ou angoisse, plaisir ou déplaisir, bien‑être ou malaise. Il est toujours à I’origine de la créativité, du dépassement de soi. Le désir se déplace, s’engrange ou se transmute dans la création, il est le levier d’un nombre incroyable de miracles, littéraires, musicaux, picturaux ou simplement vitaux. Il peut‑être aussi la source d’une souffrance répétée quand nous cherchons ou voulons l’imposer.

Jacques Salomé est l’auteur de :

* Pour ne plus vivre sur la planète taire. A. Michel

* Papa, maman écoutez-moi vraiment. A. Michel

* Dis papa, l’amour c’est quoi ? A. Michel.

* Tais-toi quand tu parles. A. Michel.

* Une vie à se dire. Ed de l’Homme

http://www.cles.com/dossiers-thematiques/psychologies/la-force-du-desir/article/du-desir-desirant-a-la-violence-du


et comme disait Krishnamurti, le désir n'est pas l'Amour, le plaisir ne l'est pas non plus...

j'ai compris qu'il ne devait ni être supprimé, si sublimé, mais compris dans ses plus profondes et subtiles origines Wink

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