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  Krishnamurti, son oeuvre...

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Myriam
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MessageSujet: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 12 Déc 2009 - 13:14

Rappel du premier message :

"Le livre de la méditation et de la vie" - Krishnamurti


Un livre excellent d'un auteur que j'aime beaucoup, m'aidant à avancer sur le long chemin de l'éveil, celui de l'âme:


Extrait:


"Il n'y a pas d'entité distincte du désir : il n'y a que le désir, il n'y a pas de sujet qui désire.

Le désir prend des masques différents à différentes époques, selon ses intérêts. Le souvenir de ces intérêts changeants affronte l'inédit, ce qui provoque le conflit, et c'est ainsi que naît celui qui choisit, qui se fonde en entité séparée et distincte du désir.

Mais l'entité n'est pas différente de ses qualités. L'entité qui essaye de combler ou de fuir le vide, l'incomplétude, la solitude, n'est pas différente de ce à quoi elle cherche à échapper : elle est ce vide, cette incomplétude, cette solitude. Elle ne peut pas se fuir elle-même ; tout ce qu'elle peut faire, c'est se comprendre elle-même. Elle est sa solitude, sa vacuité, et tant qu'elle les considère comme étant séparées d'elle-même, elle sera dans l'illusion et les conflits sans fin. Lorsque cette entité fera l'expérience directe du fait qu'elle et sa solitude ne font qu'un, alors seulement pourra disparaître la peur.

La peur n'existe que par rapport à une idée, et l'idée est la réponse de la mémoire en tant que pensée. La pensée est le résultat de l'expérience ; et bien qu'elle puisse méditer sur le vide, avoir des sensations à son propos, elle ne peut avoir la connaissance directe de ce vide. Le mot "solitude", lourd de ses souvenirs de souffrance et de peur, empêche qu'on ait de la solitude une expérience fraîche et neuve. Le mot est souvenir, et lorsque le mot n'a plus d'importance, la relation entre le sujet et l'objet de l'expérience est radicalement différente ; alors cette relation est directe et ne passe plus par le mot, par le souvenir ; alors celui qui fait l'expérience est l'expérience, qui seule libère de la peur."

J. Krishnamurti, Le livre de la méditation et de la vie




Dernière édition par Myriam le Dim 3 Avr 2011 - 17:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 10 Sep 2011 - 10:23

Un être qui semblait aller à la rencontre des autres en toute humilité...et quelle douceur dans le regard !




I love you
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almas
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 10 Sep 2011 - 20:05




"Le silence et l ’amour sont indissociables. Pour comprendre, soyez silencieux."Krishnamurti


je suis nouvelle sur le site,

je trouve cette parole tellement vraie et tellement juste...

merci à vous
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyDim 11 Sep 2011 - 8:10

oui almas, ce silence intérieur qui nous permet de réellement entrer en communion, avec l'autre, avec le monde...

une autre citation que je trouve simple d'un premier abord, évidente, si juste, mais peu appliquée finalement...si on a l'honnêteté de regarder en face ses comportements:

« Si vous voulez aider quelqu'un à changer, dit-il, soyez comme le soleil. Donnez-lui la compassion, l'amour, l'intelligence et rien d'autre ».

 Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 Soelil10
Bon dimanche à tous
sunny
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyLun 19 Sep 2011 - 19:50

"L'amour seul peut transformer le monde.

Nul système, de gauche ou de droite, ne peut apporter la paix et le bonheur au monde. L'amour n'est pas un idéal, mais il naît quand il y a respect et compassion, et cela nous pouvons le ressentir et nous le ressentons.

Nous devons montrer ce respect et cette compassion à tous. Où il y a avidité et envie, où il y a croyances et dogmes, l'amour ne peut être. Où il y a nationalisme et attachement aux valeurs matérielles, l'amour ne peut être.

Seul l'amour peur résoudre nos difficultés humaines."
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMar 20 Sep 2011 - 17:15

La fonction de l'éducation...

https://www.dailymotion.com/video/xfmydf_la-fonction-de-l-education-jiddu-krishnamurti_webcam#from=embediframe

geek
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMar 11 Oct 2011 - 15:38

Est-il possible d'être tellement éveillé au moment de la perception que l'esprit ne se souvienne pas de l'évènement ?

Krishnamurti : Enregistrer est une fonction du cerveau . Quelqu'un me traite d'idiot , et en m'appelant ainsi vous me blessez. C'est cela enregistrer. Quand vous prêtez une attention complète, rien n'est enregistré. Vous n'enregistrez que lorsque vous ne faites pas attention.

En d'autres termes: vous me flattez, j'aime bien cela. Le fait de bien aimer est de l'inattention, donc on l'enregistre. Mais si j'écoute parfaitement, sans aucune réaction, pendant que vous me flattez, alors il n'y a pas de centre qui enregistre... L'attention ne comporte ni lutte ni centre à partir duquel vous êtes attentifs .

(Questions et Réponses .ED du Rocher )
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyJeu 13 Oct 2011 - 17:31

"L'esprit est donc maintenant silencieux et sans mouvement. Qu'y a-t-il, que se passe-t-il lorsque le mouvement cesse?

La compassion est-elle un mouvement ?

On croit faire preuve de compassion quand on est solidaire d'autrui, qu'on part en Inde aider les habitants d'un village. Il ne s'agit en fait que de l'une des nombreuses formes de sentimentalisme, d'affection, etc.

Nous posons une question beaucoup plus importante, qui est celle-ci: lorsque tout mouvement de l'esprit a cessé, que se passe-t-il, qu'y a-t-il? Est-ce la compassion? Ou quelque chose qui va bien au-delà? En d'autres termes, y a-t-il alors quelque chose qui soit totalement original, et donc sacré ?

Nous considérons comme sacrées toutes nos représentations du divin que l'on vénère dans les églises, les temples, les mosquées, mais ce ne sont que des images façonnées par la pensée. Or la pensée est un processus matériel, un mouvement dont la matière est le support.

Quand le mouvement cesse, fait-il place à quelque chose qui soit totalement original, inédit, originel, totalement vierge de tout contact humain et hors d'atteinte du mouvement de la pensée?

Il se pourrait que cette chose soit la source originelle, et donc sainte par excellence.

Voilà ce qu'est la vraie méditation. Elle consiste à repartir des tout premiers débuts sans rien savoir. Si vous croyez déjà tout savoir, vous finirez par être envahi par le doute. Mais si vous partez en ne sachant rien d'avance, vous trouverez la vérité absolue, c'est-à-dire la certitude. Je me demande si vous saisissez bien tout cela. Nous avons d'abord dit qu'il fallait explorer ce que nous sommes, or nous ne sommes rien d'autre que le connu ; ce connu doit donc être évacué. Et quand le vide est fait, tout le reste coule de source.

Lorsqu'elle est là, cette chose plus sacrée que tout et qui est l'essence même du mouvement de la méditation, la vie prend un tout autre sens. L'existence cesse à tout jamais d'être superficielle. Quand on a cela, plus rien n'a d'importance."

http://nous-les-dieux.org/Krishnamurti/En_vrac%27s/Cette_Lumi%C3%A8re_en_Nous/Jiddu_Krishnamurti_Cette_lumi%C3%A8re_en_nous_17
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyLun 17 Oct 2011 - 19:39

"Nous allons méditer ensemble... comme lorsqu'on laisse la fenêtre ouverte et que l'air entre à sa guise. La méditation c'est tout ce que l'air apporte, c'est tout ce qu'est le vent... Il faut qu'elle soit ouverte par amour, par affection, en toute liberté, et pas dans l'attente de quelque chose. Voilà ce qu'est cet état de beauté, cet état de l'esprit qui voit mais ne demande rien.

Avoir pleinement conscience des choses est un état d'esprit extraordinaire - avoir conscience de son environnement, des arbres, de l'oiseau qui chante, du soleil levant, là derrière vous ; être attentif aux visages, aux sourires, à la boue qui couvre la route ;

percevoir la beauté de ce pays, d'un arbre se détachant sur la rougeur du ciel, du friselis de l'eau -, avoir de toute chose une conscience sans choix. C'est ce que je vous invite à faire en chemin. Écoutez ces oiseaux, ne cherchez pas à les nommer, à en identifier l'espèce,

écoutez simplement leurs bruits.

Écoutez le mouvement de vos pensées ; ne les contrôlez pas, ne les façonnez pas, ne dites pas : "Celle-ci est bonne, celle-là est mauvaise." Mais accompagnez-en le mouvement.

C'est cela, la conscience dénuée de tout choix, de toute condamnation, comparaison ou interprétation, et qui n'est qu'observation. Voilà qui rend l'esprit hautement sensitif.
Dans cet état de vigilance, il y a attention - mais point de contrôle ni de concentration.

Rien que l'attention. Autrement dit, vous êtes dans un même temps en train d'écouter les oiseaux, de voir le soleil se lever, d'entendre passer les voitures, d'être attentifs à vos pensées et à vos sentiments, et au mouvement dont est animée cette attention. Votre attention est globale, sans limites, et couvre non seulement le conscient, mais aussi l'inconscient.

Lorsque l'esprit est ainsi attentif, le processus d'association de la pensée prend fin
naturellement et l'esprit devient tranquille. Alors de cette tranquillité surgit un tout autre
mouvement... Cette méditation-là part de l'éternel et rejoint l'éternel, car le fondement sur
lequel on s'appuie n'est plus le temps, mais la réalité."

Krishnamurti, La fenêtre ouverte

silent

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyLun 17 Oct 2011 - 20:01

Merci  Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 869702
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyDim 23 Oct 2011 - 7:16

‎"L’éducation ne consiste pas à apprendre dans des livres, à confier certains faits à la mémoire, mais à apprendre comment regarder, comment écouter toutes ces choses que racontent les livres, que ce qu’ils racontent soit vrai ou faux. Tout cela fait partie de l’éducation. Elle ne consiste pas simplement à passer des examens, à obtenir un diplôme et une situation, à se marier et à s’installer,

mai...s encore à savoir comment écouter les oiseaux, comment voir le ciel, l’étonnante beauté d’un arbre, le dessin des collines, comment les sentir, comment être vraiment en contact avec toutes ces choses.

Tandis que vous allez vieillir, ce sentiment d’écouter, de regarder, disparaîtra malheureusement, parce que vous aurez des soucis, parce qu’il vous faudra plus d’argent, une plus belle automobile, plus ou moins d’enfants. On devient jaloux, ambitieux, avide, envieux ; et ainsi on perd ce sentiment de la beauté de la terre.

Vous savez ce qui se passe dans le monde. Vous êtes forcément au courant de l’actualité. Il y a des guerres, des émeutes, une nation se dressant contre une autre. Dans ce pays également, il y a des divisions, des séparations, et il y a un taux de natalité croissant, une misère, des conditions sordides, une dureté grandissante. L’homme est indifférent à tout ce qui peut arriver à son prochain, pourvu qu’il soit, lui, bien en sécurité."


Extrait de http://www.krishnamurti-france.org/Est-ce-la-le-but-de-l-education-de?
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMar 25 Oct 2011 - 17:01

Dernièrement la sortie de 2 livres de Krishnamurti:

"L'ami précieux":

http://www.paul-pujol.net/article-actualite-livre-sur-krishnamurti-l-ami-precieux-sortie-le-5-novembre-2011-87212716.html


"Face à soi même":

http://www.paul-pujol.net/article-actualite-nouveau-livre-de-j-krishnamurti-85263524.html

comme quoi, il est encore "vivant"...du moins ses textes.
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 2 Nov 2011 - 13:02

Extrait "commentaires sur la vie"-Krishnamurti

"L'Esprit occupé est un esprit mesquin, que sa préoccupation concerne Dieu, l'envie ou la sexualité.L'isolement, ce mouvement de l'esprit centré sur l'égo,est une très profonde occupation totalement recouverte par l'activité.L'esprit ne connaît jamais la richesse du vide complet,une part de lui est toujours active,faisant des projets,discutant et étant occupé.

Le vide total de l'esprit,lorsque ses coins les plus sombres sont révélés,rend compte d'une intensité qui n'est pas l'acharnement furieux de l'occupation,et n'est pas diminué par la résistance que suscite cette occupation.

N'ayant plus rien à vaincre ou à quoi résister,cette intensité est un silence sans effort.

L'esprit occupé ne peut connaître ce silence;car même lors des moments où il n'est pas occupé,il ne s'agit que de coupures dans l'action de son occupation,qui est bien vite reprise.

Ce silence du vide n'est pas le contraire de l'occupation.Tous les contraires sont pris dans le champ du conflit.

Ce silence n'est pas un résultat,une conséquence,car il n'a ni cause ni effet.

Tout ce qui est de l'ordre de la cause et de l'effet reste dans la sphère de l'activité centrée sur le moi.Le moi et ses préoccupations ignorent à tout jamais cette intensité de silence, ainsi que ce qui la compose et ce qui est au-delà."

Krishnamurti amène toujours à regarder là où l'esprit ne veut pas aller...c'est ce qui me plaît.
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyJeu 3 Nov 2011 - 9:16

Merci merci  Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 334952





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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 5 Nov 2011 - 11:39

peut-être ai-je déjà mis ce texte...mais ma foi, il est bon de se le rappeler...

"Pour aimer, il faut être libre...

L’amour a probablement totalement disparu de ce monde. L’amour implique la générosité, la sollicitude, de ne pas faire de mal à autrui, de ne pas le faire se sentir coupable, d’être généreux, courtois, de se comporter de telle sorte que la compassion inspire nos paroles et nos actes. Il est bien sûr impossible d’avoir de la compassion quand on appartient aux institutions religieuses organisées. Celles-ci sont étendues, puissantes, traditionnelles et dogmatiques. Elles insistent sur la foi. Pour aimer, il faut être libre. Cet amour n’est pas le plaisir, le désir, le souvenir des choses passées. L’amour n’est pas l’opposé de la jalousie, de la haine et de la colère.

Tout cela peut paraître utopique, idéaliste, un état auquel l’homme ne peut qu’aspirer. Mais si vous croyez cela, vous continuerez à tuer. L’amour est aussi vrai, aussi fort que la mort. Il n’a rien en commun avec l’imagination, le sentiment ou le romantisme, pas plus, naturellement, qu’avec le pouvoir, la situation ou le prestige. Il est aussi puissant que la mer, aussi immobile que ses eaux. Il est aussi abondant et fort que le courant d’un fleuve qui se déverse à l’infini et coule sans fin, sans commencement."

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 12 Nov 2011 - 7:10

La lucidité est l'observation sans condamnation...

"La lucidité est l’observation sans condamnation. La lucidité engendre la compréhension, car elle ne comporte ni condamnation ni identification, mais une observation silencieuse.

Si je veux comprendre quelque chose, je dois évidemment l’observer, je ne dois pas critiquer, je ne dois pas condamner, je ne dois pas le poursuivre comme étant un plaisir ou l’éviter comme étant un déplaisir.

Il faut qu’il y ait simplement la silencieuse observation d’un fait.

Il n’y a pas de but en vue, mais une perception de tout ce qui survient. Cette observation, et la compréhension de cette observation cessent lorsqu’il y a condamnation, identification ou justification.

L’introspection est une amélioration de soi, et par conséquent l’introspection est égocentrique.

La lucidité n’est pas une amélioration de soi.
Au contraire, c’est la fin du moi, du je avec toutes ses idiosyncrasies, ses particularités, ses souvenirs, ses exigences, ses poursuites.
Dans l’introspection, il y a identification et condamnation.
Dans la lucidité, il n’y a ni condamnation ni identification ; par conséquent, il n’y a pas d’amélioration du soi : il y a une immense différence entre les deux.


L’homme qui veut s’améliorer ne peut jamais être lucide, parce que l’amélioration implique une condamnation et l’obtention d’un résultat, tandis qu’en la lucidité il va observation sans condamnation, sans déni ni acceptation.

Cette lucidité commence avec les choses extérieures, elle consiste à être conscient, à être en contact avec les objets, avec la nature.

Tout d’abord, on perçoit avec lucidité les choses qui vous entourent, on est sensible aux objets, à la nature, ensuite aux personnes, ce qui veut dire être en relation, et ensuite il y a la perception lucide des idées. Cette lucidité -qui consiste à être sensible aux choses, à la nature, aux personnes, aux idées - n’est pas composée de processus différents, mais est un seul processus unifié. C’est une constante observation de tout, de chaque pensée, sentiment et acte à mesure qu’ils surgissent en nous-mêmes. Et comme la lucidité n’est pas condamnatoire, il n’y a pas d’accumulation. Vous ne condamnez que lorsque vous avez un critérium, ce qui veut dire accumulation, et par conséquent amélioration du moi.


Être lucide c’est comprendre les activités du moi, du « je » dans ses rapports avec les gens, avec les idées, avec les choses. Cette lucidité est d’instant en instant et, par conséquent, n’est pas obtenue par des exercices. Lorsque vous vous exercez à une chose, elle devient une habitude ; et la lucidité n’est pas une habitude. Un esprit routinier n’est plus sensitif, un esprit qui fonctionne dans l’ornière d’une action particulière est obtus, n’a pas de souplesse ; tandis que la lucidité exige une continuelle souplesse, une grande vivacité.

Cela n’est pas difficile : c’est ce que vous faites tous lorsque quelque chose vous intéresse, lorsque cela vous intéresse d’observer votre enfant, votre femme, vos plantes, vos arbres, vos oiseaux. Vous observez sans condamnation, sans identification ; par conséquent, dans cette observation il y a une complète communion, l’observateur et l’observé sont complètement en communion. C’est cela qui, en fait, a lieu lorsque vous êtes profondément intéressé par quelque chose. Ainsi, il y a une très grande différence entre la lucidité et l’amélioration auto-expansive du soi qu’est l’introspection.

L’introspection mène à la frustration, à de nouveaux et plus vastes conflits, tandis que la lucidité est un processus qui nous affranchit de l’action du moi ; elle consiste à être conscient de vos mouvements quotidiens, de vos actions, et à être conscient des autres personnes, de les observer.

Vous ne pouvez faire cela que lorsque vous aimez. lorsque vous êtes profondément intéressé par quelque chose ; et lorsque je veux me connaître, connaître mon être entier, le contenu total de moi-même et pas seulement une couche ou deux de ma conscience."

soyez lucides...

sunny
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 16 Nov 2011 - 20:20

L’esprit libre est humble

Avez-vous déjà examiné la question de la dépendance psychologique ? Si vous l’approfondissez vraiment, vous constaterez que nous sommes presque tous terriblement seuls. Nous avons le plus souvent un esprit tellement superficiel et vide ! Nous ignorons le plus souvent ce que signifie l’amour. C’est cette solitude, cette insuffisance, cette privation de vie, qui nous incite à nous attacher à quelque chose; nous sommes attachés à la famille; nous dépendons d’elle. Et lorsque notre mari ou notre femme se détourne de nous, nous sommes jaloux. La jalousie n’est pas l’amour; mais l’amour devient respectable quand la société le légitime dans la famille. C’est encore une autre forme de défense, une nouvelle fuite face à nous-mêmes. Toute forme de résistance engendre une dépendance. Et l’esprit qui est dépendant ne peut jamais être libre.

Il faut que vous soyez libres, car vous verrez qu’un esprit qui est libre a en lui l’essence de l’humilité. Cet esprit-là, qui est libre et par conséquent plein d’humilité, est capable d’apprendre, contrairement à l’esprit qui résiste. Apprendre est une chose extraordinaire – apprendre, et non accumuler des connaissances. L’accumulation du savoir est une tout autre affaire. Ce que nous appelons le savoir est relativement facile, car c’est un mouvement qui va du connu vers le connu. Mais apprendre est un mouvement du connu vers l’inconnu – c’est seulement ainsi que l’on apprend, n’est-ce pas ?

Une dépendance jamais remise en cause

Pourquoi sommes-nous dépendants ? Psychologiquement, intérieurement, nous sommes dépendants d’une croyance, d’une philosophie; nous attendons d’autrui des directives pour notre conduite; nous cherchons des maîtres qui nous offriront un mode de vie capable de nous conduire à quelque espoir, à quelque bonheur. Nous sommes donc toujours à la recherche d’une forme de dépendance, de sécurité. Est-il possible que l’esprit puisse jamais se libérer de ce sentiment de dépendance ? Ce qui ne signifie pas que l’esprit doive atteindre à l’indépendance – qui n’est qu’une réaction par rapport à la dépendance.

Nous ne parlons pas ici d’indépendance, de liberté par rapport à un état particulier. Si nous parvenons à explorer – mais sans chercher, par manière de réflexe, à nous libérer d’un quelconque état de dépendance -, alors nous pourrons creuser la question beaucoup plus profond… Nous admettons la nécessité de la dépendance; nous la disons inéluctable. Mais jamais nous n’avons remis en cause l’ensemble du problème, jamais nous ne nous demandons pourquoi chacun d’entre nous est en quête d’une certaine forme de dépendance. N’est-ce pas parce qu’il y a au plus profond de nous cette exigence réelle de sécurité, de permanence ? Plongés dans un état de confusion, nous voulons que quelqu’un d’extérieur nous tire de cet état. Nous cherchons donc sans cesse le moyen de fuir ou d’éviter l’état dans lequel nous nous trouvons. Ce processus d’évitement nous amène immanquablement à susciter une forme de dépendance, qui devient l’autorité qui nous gouverne. Si, pour notre sécurité, notre bien-être intérieur, c’est de quelqu’un d’autre que nous dépendons, cette dépendance est source d’innombrables problèmes que nous nous efforçons alors de résoudre, et qui sont liés à l’attachement. Mais jamais nous ne remettons fondamentalement en question le problème de la dépendance en soi. Si nous parvenons à explorer le cœur de ce problème, de manière intelligente et pleinement lucide, alors peut-être découvrirons-nous que la dépendance n’est pas du tout le vrai problème – ce n’est qu’un moyen de fuir une réalité plus profonde.

Les causes profondes de la dépendance

Nous savons que nous sommes dépendants – de notre relation aux autres ou d’une idée, d’un système de pensée. Pourquoi cette dépendance ?

…En réalité, je ne crois pas que la dépendance soit le vrai problème : je crois que ce sont des facteurs beaucoup plus profonds qui font de nous des êtres dépendants. Et si nous savons démêler ces causes, alors la dépendance et la lutte pour s’en libérer ne compteront plus guère; alors tous les problèmes issus de cette dépendance s’évanouiront. Quel est donc le problème fondamental ? Est-ce la haine et la crainte qui hantent l’esprit à l’idée d’être seul ? Mais cet état qu’il essaye d’éviter, l’esprit le connaît-il ? Tant que la solitude n’est pas réellement comprise, ressentie, pénétrée, dissipée – peu importe le terme -, tant que persiste ce sentiment de solitude, la dépendance est inévitable, et on ne peut jamais être libre; on ne peut jamais découvrir par soi-même ce qu’est la vérité, ce qu’est la religion.

Une conscience plus profonde

La dépendance déclenche un double mouvement de distance et d’attachement, un conflit perpétuel et sans issue, s’il n’est pas compris. Il faut que vous preniez conscience du processus d’attachement et de dépendance, mais sans condamnation ni jugement; alors vous percevrez la signification de ce conflit des contraires. Si vous devenez intensément perceptif, et si vous attelez consciemment votre pensée à la compréhension de la pleine signification du besoin et de la dépendance, votre esprit conscient sera ouvert et lucide à ce sujet; alors le subconscient, avec ses mobiles cachés, ses exigences et ses intentions occultes, se projettera dans le conscient. C’est alors le moment où il faut étudier et comprendre tous les messages de votre inconscient. Si vous le faites de manière assidue, si vous prenez conscience des projections du subconscient après que l’esprit conscient a élucidé le problème le plus clairement possible, alors, même si votre attention est occupée ailleurs, le conscient et le subconscient résoudront ce problème de la dépendance, ou tout autre problème. Ainsi s’installe une conscience permanente, qui, avec patience et douceur, apportera l’intégration; et pour peu que votre santé et votre alimentation soient correctes, cela vous apportera en retour la plénitude totale.

(…)

L’attachement est l’illusion du Moi

Nous sommes les choses que nous possédons, nous sommes ce à quoi nous tenons. Il n’y a aucune noblesse dans l’attachement. L’attachement au savoir ne diffère en rien de toute autre forme de dépendance agréable. Dans l’attachement, le moi s’absorbe en lui-même, que ce soit au niveau le plus bas ou le plus élevé. L’attachement est l’illusion du moi, une tentative pour fuir le vide du moi. Les choses auxquelles nous sommes attachés – biens, personnes, idées – deviennent de la plus haute importance, car, privé des multiples choses qui comblent sa vacuité, le moi n’existe pas. La peur de n’être rien incite à posséder, et la peur engendre l’illusion, l’asservissement aux conclusions. Les conclusions, matérielles ou idéologiques, font obstacle à l’épanouissement de l’intelligence, à cette liberté sans laquelle la réalité ne peut pas se faire jour; et sans cette liberté, l’habileté passe pour de l’intelligence. Les voies de l’habileté sont toujours complexes et destructrices. C’est cette habileté, protectrice du moi, qui conduit à l’attachement; et lorsque l’attachement cause la souffrance, c’est cette même habileté qui recherche le détachement et jouit de l’orgueil et de la vanité de la renonciation. La compréhension des voies de l’habileté, des voies de l’ego, est le commencement de l’intelligence.

Jiddu Krishnamurti.

Extraits saisis dans Le livre de la méditation et de la vie – Le Livre de Poche.
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyDim 20 Nov 2011 - 16:38

Voici un texte intitulé « L’Homme et le moi », sur des notes prises au cours des conférences et causeries faites par J. Krishnamurti en France, en 1930 par Carlo Suarès.

L’HOMME ET LE MOI

On a tendance à penser en Occident que ce que je dis se rapporte uniquement à la tradition hindoue et ne s’applique pas aux races de traditions occidentales. Aux Indes, au contraire, on a tendance à penser que j’expose une philosophie occidentale. Si l’on me juge de façons si différentes, cela prouve que la Vérité n’est ni occidentale ni orientale.

Aux Indes on s’imagine couramment que celui qui parvient à la Connaissance doit porter la robe orange du sannyasin, devenir un mendiant errant et mépriser le corps physique. En Europe d’autres préjugés prennent la place de celui-là. Mais ces préjugés sont des limitations, et on ne peut pas limiter la Vérité. La nature humaine est partout la même, dans tous les climats, et la Vérité est partout la même, elle ne peut pas être contenue dans des frontières, ni appartenir à des races, à des dogmes, à des églises. Chacun peut la découvrir en se servant avec intelligence de son sens critique. Ce que j’appelle intelligence est l’équilibre entre la pensée et l’émotion; le sens critique est le discernement qui nous permet de choisir ce qui est essentiel et de rejeter ce qui ne l’est pas.

Je me rends bien compte de l’indifférence, de la majorité des hommes à l’égard de la Vérité: ils ignorent jusqu’à son existence. Ils sont comme des prisonniers qui seraient nés dans leur prison et qui ne savent pas qu’elle a une sortie, mais qui souffrent à cause de leur emprisonnement.

La Vérité, qui est la Vie, ne supporte aucune limitation. Pour la découvrir, nous devons nous libérer; et pour nous libérer, nous devons être poussés, par le désir de comprendre, à trouver la cause de nos limitations. La certitude à laquelle nous parvenons alors est le résultat de nos propres luttes, de notre compréhension, de notre doute. Cette certitude, personne ne peut nous la donner.

Le doute et le désir de trouver la Vérité absolue sont les deux stimulants qu’il convient d’éveiller chez les hommes. Ce qui les stimule habituellement, c’est la peur et l’espoir qui naissent de leurs limitations et qui les portent à chercher des consolations. Ce besoin d’être réconfortés ne peut pas les amener à découvrir la Vérité. Ceux qui sont consolés et réconfortés n’ont pas pour cela découvert la cause de leur souffrance, ils ne sont pas sortis de prison. Ils ont trouvé un délassement passager en changeant de position. Chercher à se faire consoler équivaut à une stagnation, une trahison de la Vérité. La Vérité ne réconforte pas, on ne peut la capter comme un courant électrique, la réduire dans un transformateur, et l’utiliser pour notre confort. Sa grande lumière ne peut pas être tamisée.

Voici à ce propos une histoire hindoue. Une fois, au printemps, tous les papillons de la vallée se réunirent à l’ombre fraîche d’un arbre. Ils discutaient au sujet de la lumière; les uns affirmaient ce que d’autres niaient, jusqu’à ce qu’un papillon se déclarât prêt à aller découvrir ce que la lumière était réellement. Tous attendirent patiemment son retour. Lorsque le papillon revint, il leur apprit que la lumière était beaucoup trop forte pour qu’on pût s’en approcher. Mais les autres ne furent pas satisfaits de cette réponse, et ils voulurent en savoir plus long. Un autre papillon se mit en route et leur communiqua à son retour qu’il n’avait pu s’approcher de la lumière tant elle était puissante et aveuglante. Cette déclaration non plus ne fut pas trouvée suffisante et un troisième papillon s’envola vers le même but. Blessé, il leur dit à son retour que la lumière était si chaude qu’elle l’avait brûlé. Et à sa suite un quatrième partit, mais pour ne pas revenir. La Vérité, qui est Lumière, l’avait consumé.

Ainsi, dans leur souffrance, les hommes préfèrent attendre qu’on leur apporte la Vérité plutôt que d’aller la chercher.

Or, même parmi ceux qui partent, la plupart vont chercher non pas la Vérité mais des consolations. Les consolations ne contiennent pas la Vie dans son accomplissement, car au lieu de faire comprendre aux hommes les causes de leur souffrance, elles rabaissent la Vérité, elles la réduisent en créant des croyances religieuses et des dogmes. La Vie, qui est la Vérité, ne peut s’accomplir qu’à travers des expériences qui ne la réduisent pas.

Les hommes, parce qu’ils ne trouvent le bonheur nulle part, errent d’une cage à l’autre et continuent de souffrir. Ils doivent pourtant se délivrer de toutes leurs cages.

Des âmes bonnes et généreuses, mues par le désir de soulager la misère humaine, s’appliquent à rendre plus attrayantes les innombrables prisons déjà existantes. Elles croient qu’en améliorant les conditions de l’existence elles rendront les hommes meilleurs et plus heureux. Elles oublient qu’une prison modèle est toujours une prison.

Il est évident que les conditions de l’existence devraient être meilleures pour tous, mais il ne faut pas les faire dépendre de la charité. Elles doivent être créées à la fois par la technique et par la compréhension de la Vie. Une excellente technique qui se développe au détriment du sens de la Vie est inefficace; il faut au contraire, qu’elle soit guidée par le sens de la Vie développé à son maximum. Je ne veux pas décorer les anciennes cages. Je ne veux même pas les démolir. Car même si l’on venait à démolir toutes les prisons des hommes, ils en rebâtiraient d’autres et en décoreraient les murs. Chacun doit apprendre à se délivrer par lui-même. Mon but est de faire naître dans les hommes le désir qui briserait toutes les cages, et d’éveiller la volonté en eux de découvrir la Vérité, le vrai bonheur.

Dans leur recherche d’une prison à l’autre, les hommes basent leur vie sur un espoir toujours trompé. L’espoir est une trahison de la Vérité, car, en fixant l’homme dans une attente de l’avenir, il l’affaiblit et l’éloigne du présent.

Un paradis promis dans le futur ne contient pas même l’ombre de la Vérité, la Vérité en est totalement absente. Dans la mesure où l’on fonde sa recherche sur l’espoir de trouver des consolations, des baumes pour guérir les plaies, on s’éloigne de plus en plus du royaume où se trouve le bonheur, où se trouve la Vérité éternelle. Celle-ci n’a besoin d’aucune prière, ni d’aucune adoration, ni d’aucune religion, ni de rites. Elle est absolue. Et à travers la lucidité totale que chacun, s’il s’y efforce, peut avoir de ses propres actions quotidiennes, de ses pensées et ses émotions, chacun peut la découvrir. Chaque personne, en concentrant toute sa conscience sur ses propres actions quotidiennes, peut discerner parmi elles celles qui expriment la vie, et celles par contre qui conduisent à l’inaction ou qui même sont déjà inactives.

Les actions inactives sont celles par lesquelles on cherche à se distraire dans des successions de passe-temps futiles. Ces actions s’attachent uniquement à ce qui n’est pas essentiel, et créent ainsi une souffrance négative dont on ne sait pas sortir. Dans cet état négatif, tout ce que l’on fait enchaîne. L’amour n’y respecte même pas son propre objet, qu’il fait servir au plaisir.

Les actions qui conduisent à l’inaction sont celles où se trouvent mélangés l’essentiel et le non-essentiel. Elles sont déterminées par la passion, par le violent désir qu’a le « je » de durer, de s’amplifier, d’acquérir des qualités. Bien que ces actions conduisent à un état inactif, elles sont quand même créatrices parce qu’elles provoquent une vraie souffrance, positive, par laquelle l’homme peut trouver une sortie: s’il risque de s’enchaîner, il peut aussi se délivrer en devenant de plus en plus conscient de son but. Ici l’amour distingue le sujet de l’objet et les prend tous deux en considération.

Enfin, les actions qui expriment la vie sont celles qui ne naissent pas du sens du moi, celles qui ne proviennent pas du désir qu’a le « je » de durer et de s’amplifier, celles où la conscience mène de l’individu a disparu, celles qui expriment uniquement l’essentiel. Il ne faut pas envisager l’action essentielle du point de vue des qualités, ainsi qu’on peut le faire pour les autres actions. Il ne faut pas du tout essayer de lui attribuer des qualités, elle n’en a pas, elle est une harmonie parfaite. Cette action n’est donc ni une action ni une inaction, car le conflit de l’action et de l’inaction provenait des qualités.

L’action essentielle est essentiellement simple. Si elle peut paraître négative lorsqu’on veut la considérer par rapport à des sujets et à des objets, elle est au contraire essentiellement positive; en elle il n’y a ni objet ni sujet mais l’amour, qui est l’essence de toute chose. Elle est l’action pure, où la conscience est libérée.

Mais plutôt que de dégager ainsi jusqu’au bout le fruit de chaque geste, les hommes, dans leur désir d’être heureux, essaient de tout. Tour à tour, ils abandonnent ce qui les déçoit et, limités par la médiocrité de leurs ambitions, passent d’une satisfaction à l’autre.

D’abord, ils croient découvrir le bonheur dans la possession des biens matériels et des plaisirs grossiers. S’ils n’y trouvent pas la félicité qu’ils cherchent, ils tournent leurs désirs affinés vers les biens soi-disant spirituels. Ils espèrent les trouver dans un monde qu’ils croient être réel, mais qui n’est qu’artificiel, créé par l’espoir et leur propre fantaisie. Dans ce monde dépourvu de réalité, se trouvent les croyances de toutes sortes, l’occultisme et le mysticisme.

Harcelé par la souffrance, l’homme qui cherche la vérité tombe dans un dernier piège. Il a appris que tout soutien extérieur, tout ce qui s’appuie sur une autorité ne peut pas l’amener vers son but. Il se détache alors résolument de tous les objets, et se replie sur son être intérieur où il espère découvrir la vérité. Là, l’ultime déception le guette, car dans cette prison subtile il rencontrera le « je », le sens du moi qui s’oppose aux autres personnes, l’individualité entachée de qualités qui la rendent distincte.

Le « je » dépend du temps et de l’espace; donc, il développe des qualités qui appartiennent au temps et à l’espace. La bataille devient inévitable entre l’individu et la Vérité.

Ce que j’entends par individu, ce n’est pas une unité humaine considérée par rapport à l’espèce. On parle beaucoup de l’individu dans ses rapports avec la collectivité, en opposant simplement au nombre un des éléments qui constituent ce nombre. Un homme considéré comme une unité, comme on le fait pour un objet, pour un oiseau ou pour un arbre, n’est pas un individu dans le sens que je prête à ce mot. Pour moi n’est individu que l’homme qui a découvert son unicité, l’homme qui est devenu totalement soi-conscient.

Pour éviter de nouveaux malentendus, je ferai remarquer que l’unicité, telle que je l’entends, n’est pas une qualité d’originalité, mais indique le processus particulier suivant lequel chaque homme atteint la vérité, la manière propre qu’il a de parvenir à son accomplissement.

Nous avons laissé l’homme qui cherche la vérité à sa dernière étape. S’étant détaché de tout, s’étant détourné de tout appui, de toute autorité, il a néanmoins gardé l’espoir de découvrir la vérité en lui-même. Mais le « je », le « Moi », l’ »Ego », dans son exclusion, ne contient pas la vérité, et déçoit son dernier espoir. Il se peut alors que, complètement découragé, l’homme se détache de tout, n’ait plus foi en rien, et s’abandonne à l’indifférence. Il entre dans le monde de la mort, dans le monde du néant.

A un moment donné, il avait connu l’extase de la richesse, du pouvoir, du succès. Ensuite, il s’était grisé de l’extase intérieure pour arriver enfin à cette extase du néant. Maintenant qu’il est dépouillé de tout, qu’il s’est débarrassé de toutes les entraves, qu’il a abandonné les cages, qu’il ne s’appuie plus sur aucune autorité, qu’il ne recherche ni consolation ni espoir, il lui reste à faire un dernier effort pour aller au-devant de la vérité qui consumera son être. Il est enfin prêt à découvrir la réalité qui contient la négation et l’affirmation, cet absolu qui ne connaît pas les degrés de la perfection, qui est l’être pur, la Vie et la Vérité. Le moment critique est arrivé qui déterminera, ou bien le triomphe de la Vérité ou bien la rechute de l’homme dans l’égo, c’est-à-dire la nécessité de recommencer l’expérience dont il n’a pas appris la leçon.

Pendant qu’il parcourait sa longue route, l’homme était semblable à un bateau sans gouvernail qui est entraîné par le courant d’un fleuve. Poussé par les flots, il prenait son mouvement involontaire pour un mouvement de sa volonté et les reculs provoqués par ses réactions pour un détachement philosophique. Mais le vrai détachement consiste à discerner ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas, et à choisir l’essentiel. Ce choix s’oppose à l’idée que fait d’habitude du détachement : on pense qu’il consiste à éliminer ce qui est illusoire. Cette élimination est un acte négatif. Si au lieu d’éliminer ce qui n’est pas essentiel on s’efforce de saisir ce qui est essentiel, on se détache mais d’une façon positive.

En effet, la découverte de ce qui est illusoire peut mener à la conclusion que tout n’est qu’illusion, Maya. Cette conclusion n’est pas exacte. Les objets sont réels, comme sont réelles les émotions et les pensées. C’est leur assemblage qui constitue un monde irréel où pourtant il nous faut découvrir la Vérité.

Pour l’ignorant, la réalité est constituée par cet assemblage d’un monde extérieur avec son propre monde intérieur, et par les réactions qui en résultent. Quand il croit agir librement, ses actes sont déterminés par des causes qu’il ne connaît pas, quand il croit être positif, il ne fait que réagir à des contacts extérieurs. Le résultat de toutes ses réactions est ce qu’on appelle une civilisation. Pourtant, la fonction d’une vraie civilisation est d’aider l’homme à parvenir à l’action pure. Si, comme nous le constatons à notre époque, la civilisation n’aboutit pas à cela, elle n’est pas une vraie civilisation. Pour y trouver la Vérité nous devons mettre à jour les réactions qui la produisent, et dans cette irréalité découvrir le réel et nous en emparer. C’est ainsi que nous pourrons rejeter une fausse civilisation; tandis que le renoncement en ferait encore partie.

Constater que nous sommes passifs, que nous agissons automatiquement, c’est commencer à travailler consciemment sur nous-mêmes. Mais pour savoir si nous sommes immobiles ou en mouvement, nous devons établir un point de repère. Ce point de repère est l’action pure, c’est-à-dire le but même que l’homme doit atteindre. Affirmer ce but, le garder présent, c’est s’en servir comme moyen pour y parvenir. Sans lui, nous sommes dominés par une négation qui nous conduit à l’indifférence complète.

Pourtant, l’homme ne peut pas vivre dans l’indifférence. La vie en lui ne tolère pas cet état statique et le force à bondir en avant ou, au contraire, à retomber en arrière pour recommencer à souffrir. S’il retombe, il peut bien des fois être ramené au point mort de l’indifférence et retomber encore. Il doit briser ce point mort, dépasser définitivement cet état d’indifférence, et aller au-delà, vers un état d’équilibre dynamique, où il connaîtra l’action pure et la création pure. Tant que l’homme n’est pas parvenu à l’action pure, tout ce qu’il prend pour sa création n’est qu’une activité passive éclairée quelquefois d’un faible reflet créateur. Sa poésie, sa musique, sa peinture, son architecture, tous ses arts ne sont encore qu’une activité et non pas une création libre. Ce qui importe, c’est de posséder l’art de vivre qui est la seule véritable création, le seul art positif.

Lorsque l’homme dans la prison de la négation arrive devant le mur qui, édifié par son sens du moi, le sépare de la réalité, il doit encore accomplir l’acte qui le libérera définitivement. En deçà de ce mur, le sens du « Moi », le « je », s’amplifie sans cesse pour culminer dans le plein épanouissement de la soi-conscience. Cette soi-conscience n’est pas encore la libération de la conscience parce que, liée aux réactions, elle s’appuie sur le subconscient et sur l’inconscient, tandis que dans la libération de la conscience il n’y a plus ni subconscience, ni inconscience, ni conscience.

Le mur de la séparation empêche l’homme d’apercevoir la Vérité. L’homme doit le faire disparaître, et cette élimination constitue l’acte positif qui le libère. La vie se trouve de l’autre côté du mur, mais en réalité le mur n’existe pas: c’est l’illusion de la division, le sens du moi qui emprisonne, et c’est lui qu’il s’agit de faire disparaître. Là où le « je » n’existe plus, il n’y a plus de place pour la peur, et c’est alors que l’homme connaît le détachement.

La crainte qu’il avait de souffrir et d’éprouver des désillusions ne l’avait conduit qu’à l’indifférence. Mais l’indifférence est un faux détachement. Le détachement véritable est l’amour lui-même sans objet ni sujet.

L’homme libéré de ses limitations de la peur, du « je » avec toutes ses qualités, parvient enfin à la connaissance.

Au cours d’une première étape, l’homme cherche dans le monde du relatif la connaissance encyclopédique des objets et des rapports qui existent en eux. Puis il cherche à se connaître lui-même, et cette connaissance l’amène graduellement à être conscient de ses limitations, jusqu’au moment où, pleinement en possession de toute sa conscience, il parvient à la connaissance de l’Éternel. Celle-ci n’est pas une amplification de la connaissance de soi, car ayant dépassé toute conscience elle ne connaît plus ni séparation ni unité. Elle est l’illumination qui donne à chaque chose sa vraie valeur.

Dès sa première vision de la Vérité, l’homme commence à éliminer son « je » jusqu’au moment où il voit la possibilité de quitter sa dernière prison. Il se débarrasse alors complètement du « je » et se libère de la grande illusion de la séparation. Dès lors, il est libre, il est enfin homme.

Pour moi, le surhomme n’existe pas. On le conçoit généralement comme un être doué de qualités et de vertus exaltées. Mais l’homme libéré n’a pas de qualités, parce que celles-ci appartiennent au « je » dont l’homme s’est précisément dépouillé.

L’Ego développé à l’extrême s’appelle surhomme ou Dieu; mais puisque le « je » est une limitation, donc une imperfection, comment deviendrait-il (même démesurément agrandi) parfait ou illimité? Lorsque le « je » a disparu, l’homme atteint la perfection et devient pareil à un Christ, à un Bouddha, c’est-à-dire réellement un homme: « Homme » reprend alors son sens propre, l’homme est l’être qui n’a pas d’égo. En lui toutes les limitations (ses qualités) ont disparu. La perfection ne comporte pas de degrés, car l’égo, auquel seul s’appliquent les qualités, n’existe plus.

Pour réaliser la Vérité, il ne faut pas l’envisager du point de vue du relatif. Le relatif appartient encore à l’égo, quand l’égo disparaît le relatif fait place à l’absolu. Tout acte pur, c’est-à-dire tout acte dépouillé du « je », dévoile la Vérité, mais il ne peut procéder que d’un être conscient de la perfection.

L’homme, depuis sa naissance, s’est enrichi de toutes ses expériences. Il a d’abord expérimenté une perfection végétative, inconsciente, puis l’imperfection, qui, d’inconsciente est devenue plus tard consciente. Il arrive maintenant à une simplicité qui n’est aucunement primitive, mais qui apparaît au contraire comme une riche et parfaite synthèse, une œuvre d’art où pas une ligne ne peut être supprimée.

S’il n’a pas encore réalisé la perfection, il peut néanmoins l’avoir déjà présente à l’esprit comme un but à atteindre. L’acte qu’il accomplit en vue d’atteindre ce but, pour qu’il soit utile, doit être conscient et délibéré. Il faut que l’homme agisse par expérience personnelle. C’est son expérience qui lui démontre que l’égo a un but, et qui le pousse à agir en choisissant librement les actes qui le conduiront à ce but. Si ce Choix demande un effort, il peut tout de même, bien qu’imparfait, avoir du prix, parce qu’il est fait librement, tandis que l’effort qui provient du désir que l’on a de se conformer à l’idéal d’un autre n’a aucune valeur.

Lorsque l’effort cesse, l’acte devient spontané, la perfection de l’action pure est réalisée. La vertu qui s’accompagne d’effort n’est pas une vertu.

Tout homme libéré atteint la Vérité, comme un Christ ou un Bouddha. Christ et Bouddha sont des noms donnés à des hommes qui ont atteint la Vérité; ce ne sont pas les noms de la Vérité elle-même. Ainsi ceux qui s’attachent à ces noms ou aux hommes qui portés ces noms ne trouvent pas l’immortalité, mais ceux qui la trouvent sont ceux qui s’attachent à la Vérité.

Pour être immortel il ne faut pas vouloir préserver son individualité ni son unicité, il ne faut pas non plus vouloir agrandir son « Moi », ou vouloir l’immortaliser dans un Dieu. Au contraire. L’homme doit aspirer à perdre le sens du « Moi », le « je », qui lui cache la Vérité et l’empêche de parvenir à elle. La Vérité ne dépend pas du temps qui se décompose en passé, présent et futur. Elle est le moment, insaisissable et pourtant si réel, du « maintenant » en dehors de la durée. Elle se trouve là où il n’y a pas de « je ».

Une petite feuille tendre au creux de notre main contient l’éternité si nous savons la regarder en dehors du « je » et peut nous faire découvrir l’essence de tout ce qui contient la Vérité.

Pourquoi mettre son espoir dans l’avenir? Pourquoi scruter le passé? Le passé, le présent, le futur sont irréels, l’homme qui se fie au temps est pris par son mensonge. Il importe de vivre dans le « Maintenant » éternel, où l’homme, concentré, tendu dans un équilibre parfait, est la Vérité. La Vérité laisse les gens indifférents parce qu’ils ne savent pas que sans elle ils ne peuvent être heureux. Ils cherchent le bonheur hors de la Vérité, et c’est pourquoi le bonheur les fuit.

Il est essentiel que l’on ne prenne pas ce que je dis pour une spéculation de l’esprit. La Vérité dont je parle est le résultat de mon expérience. Je la vis pleinement et constamment, elle existe en chacun et en chaque chose, et sans sa réalisation le bonheur n’existe pas.

Cet achèvement, cet accomplissement n’est pas réservé à une petite élite d’initiés ou de surhommes. La Vérité n’est pas l’apanage d’un centre quelconque, elle n’est pas détenue par une association, une institution, une église, une académie. Elle peut être atteinte par chacun, ceux qui veulent la réaliser doivent eux-mêmes la rechercher.

————————- II ————————

La vraie simplicité n’est pas une pauvreté intérieure mais provient de la richesse de l’expérience. La pauvreté d’expérience n’est qu’une fausse simplicité, qui crée au contraire, toutes les complications de l’existence.

Il y a une apparente richesse d’expérience qui provient de leur grande multiplication, et il y une apparente richesse matérielle qui provient d’une grande multiplication des objets matériels. Ces richesses, qui pour les uns semblent positives et pour d’autres négatives, ne sont ni positives ni négatives: elles sont nulles si l’on ne sait pas en tirer toute la leçon qu’elles comportent et en dégager l’essence.

De même, il y a une apparente pauvreté d’expérience et une apparente pauvreté matérielle. Celles-ci, loin de multiplier, s’attachent à réduire, et à leur tour semblent négatives aux uns et positives aux autres. Mais elles ne sont négatives ou positives que selon la leçon que l’on sait en tirer.

La richesse et la pauvreté ne sont pas une question de quantité. Une seule expérience peut suffire pour comprendre la Vérité toute entière, si par elle on sait se libérer: la Vérité est la libération de toute expérience. Une seule possession peut suffire à se délivrer à la fois du problème de posséder et de celui de ne pas posséder, car on peut, du fait qu’on l’on ne possède un seul objet, dégager la pleine signification de la possession en général. Il suffit en effet d’examiner son désir impersonnellement et avec grande attention. Ce désir est le même, quelle que soit la quantité des objets que l’on possède.

Il y avait une fois aux Indes un sannyasin, un religieux voué à la pauvreté, qui s’en alla trouver un roi renommé pour sa sagesse. Ce sannyasin possédait, pour tout bien terrestre, deux pagnes. Un jour, pendant qu’il s’entretenait avec le roi à l’ombre d’un arbre, le somptueux palais royal prit feu. Sans même tourner la tête, le roi continua l’entretien, cependant que le sannyasin, inquiet et distrait, ne perdait pas l’incendie de vue… car tout près du palais il avait étendu son second pagne…

Le désir d’être riche et le désir d’être pauvre sont tous deux basés sur la peur. On a peur de ne pas assez posséder ou, au contraire, on a peur de trop posséder. A la base de l’ascétisme le plus pur, nous découvrons la crainte du monde: si le monde est considéré comme une illusion, Maya, on a peur de se laisser prendre par les possessions qui apparaissent aussi comme des illusions, et si le monde est assimilé au mal, les possessions deviennent des tentations qu’il faut fuir.

Mais cette fuite provoquée par la crainte et la lassitude n’est pas le vrai abandon du monde. Le mondé est réel. Tout est réel. Ce qui est irréel, ce qu’il convient d’abandonner, ce n’est pas le monde, ce sont les fausses valeurs que l’on attribue aux choses. Dans ce sens, se détacher, renoncer, veut dire discerner dans l’irréalité de ces fausses valeurs ce qui est réel, et s’en emparer. Renoncer vraiment ce n’est pas rejeter le monde mais le comprendre. Être détaché, c’est ne plus éprouver le désir de posséder ni le désir de ne point posséder. C’est ne plus convoiter les possessions, ni mépriser ceux qui possèdent. C’est ne plus être jaloux de la richesse des autres ni de leur pauvreté. Lorsque nous cessons de penser que la richesse ou la pauvreté sont des privilèges, notre conduite, basée uniquement sur l’harmonie de notre détachement complet, ne nous porte plus à aborder le riche ou le pauvre d’un point de vue particulier. Nous n’établissons plus, entre nous et les autres, des rapports d’après lesquels nous les traitons de telle ou telle façon; mais nous exprimons l’action impersonnelle et pure qui ne comporte pas de rapports ni de situations entre individus, parce qu’elle est une plénitude par elle-même.

Quand la richesse et la pauvreté cessent de nous séduire, nous cessons de leur attribuer une signification humaine. En effet elles sont extérieures à l’homme.

C’est une grande illusion de vouloir être riche pour faire du bien en aidant les autres, ou de justifier sa richesse par charités. Le tort qui a été commis en amassant des richesses ne peut être réparé par aucune charité. L’argent étant une forme de pouvoir, aider les autres c’est simplement exercer ce pouvoir.

Le pouvoir sous forme de possession est exercé par les Églises sous deux formes: placement de capitaux pour leur richesse matérielle, exploitation de la faiblesse humaine pour distribuer les richesses dites spirituelles. Les Églises qui se disent spirituelles encouragent les riches; elles encouragent donc aussi les pauvres à rester pauvres.

Le riche qui décide de devenir pauvre et qui donne tous ses biens fait une action qui est égale à zéro, car elle n’est pas une action au vrai sens du mot, mais une réaction. La pauvreté pour lui n’est que l’opposé de la richesse, au sein d’un conflit qui n’est pas résolu,

Il est aussi faux de croire que la richesse est un mal et la pauvreté une vertu qu’il est faux de croire l’inverse.

La richesse qui n’est que possession est négative. La pauvreté qui n’est qu’un manque de possession est aussi négative. La richesse et la pauvreté sont positives lorsqu’elles s’unissent dans la plénitude intérieure du détachement.

Lorsque la richesse et la pauvreté sont séparées de la possession elles acquièrent dans ce détachement un sens nouveau, la pauvreté de l’avoir devient la richesse de l’être.

Les hommes ont élevés en eux-mêmes une double barrière à la Vérité, la richesse et la pauvreté. Mais la Vérité ne peut pas être trouvée au moyen de possessions spirituelles ou matérielles. Elle n’est pas le résultat de compensations dans ces deux domaines. Elle n’est riche ni pauvre d’aucune sorte de possessions. Toutes les discussions à ce sujet ne mènent à rien, et je ne voudrais pas trop m’y arrêter. Comment prendre pour critérium de vérité le confort et l’inconfort physique? Celui qui est vraiment simple n’est influencé ni par le confort ni par l’inconfort, parce qu’il possède la plénitude de la Vie.

J’ai dit que la vraie simplicité est la plénitude du détachement. Elle est à la fois la plénitude de l’amour détaché et impersonnel où ne subsiste plus la distinction sujet et objet, et la plénitude de la pensée concentrée jusqu’à l’extrême mais tout à fait souple, jamais rigide, toujours alertée à l’essentiel. Cet ensemble harmonieux de l’amour et de la pensée est la simplicité de l’intuition, qui est le détachement.

Le détachement dont je parle ne se traduit pas par le contentement de vivre dans les conditions où l’on se trouve. L’homme qui se contente de tout n’est pas essentiellement différent de celui qui veut toujours changer les conditions extérieures parce qu’il ne trouve de paix nulle part. Ni l’un ni l’autre ne sont vraiment détachés. Ils continuent à être esclaves et complices des causes qui créent la civilisation où ils se trouvent. Ils contribuent à cette civilisation qui emprisonne l’homme.

Celui qui est parvenu au vrai détachement s’est donc d’abord délivré de son état d’esclavage, c’est-à-dire qu’il n’est plus esclave des causes qui à chaque instant créent une civilisation qui enchaînent les hommes. Et du fait qu’il s’est délivré, qu’il ne contribue plus à créer cette civilisation, il appartient au contraire à la vraie civilisation, dont le but est la délivrance de l’homme.

Dès lors, sa simplicité ne s’exprime pas par des réactions à l’intérieur de la civilisation dont il s’est détaché: il ne réagit pas contre telle ou telle façon de s’habiller et de vivre en affirmant que la vérité consiste à s’habiller et à vivre autrement. Il ne peut prendre position à l’intérieur du jeu auquel il ne joue plus. Pour lui le jeu tout entier de cette civilisation est en dehors de ce qu’il considère comme étant l’ordre naturel qui convient aux hommes. Si les autres pensent pouvoir s’y adapter, lui, par contre, y est purement et simplement inadapté.

Certes, il utilise de cette civilisation ce dont il a physiquement besoin pour vivre selon un minimum qui ne comporte aucun désir personnel. Si les circonstances le placent dans des conditions où ce minimum lui est refusé, cela pourra l’affaiblir physiquement jusqu’à étouffer son expression, jusqu’à le tuer, mais cela ne changera pas sa nature ni la nature de son expression.

Dans une civilisation uniquement créée par des réactions qui enchaînent les hommes et les font souffrir, il est libre, donc il agit librement, d’une façon simple et naturelle. Non seulement il ne crée plus de souffrance, mais son action est positive parce qu’elle dégage l’essence des choses. Ceux qui souffrent parce qu’ils sont pris dans leurs irréalités peuvent boire à son eau pure. L’eau pure est là pour étancher leur soif. Mais s’ils la mêlent à de la boue ils ne pourront plus la boire.

Le vrai détachement est un bonheur qui n’a pas de qualités. Il ne consiste pas, seulement à être délivré de la richesse et de la pauvreté: cette délivrance n’est qu’un de ses aspects. Le détachement total est une solitude totale. Tant que l’on ne parvient pas à cette solitude la pensée et les émotions sont un fardeau. Dans la complète solitude, la pensée est pure, purement humaine, joyeuse, elle surgit de sa propre joie, de sa propre action, elle est normale enfin, car elle n’est pas provoquée par des réactions.

Avant ce détachement complet, la pensée, née de réactions, était une réflexion sur les altérations que subissait le « moi ». Maintenant la pensée n’est plus une réflexion, elle porte sur l’essence, donc elle ne s’altère pas.

Personne ne peut nous dire si nous sommes détachés ou non. De même, nous ne pouvons pas juger les autres, mais nous-mêmes. Et, pour être nos propres juges, nous devons nous examiner avec la plus grande honnêteté. Tant que nous éprouvons la sensation d’être incomplets, tant que nous ne possédons pas la plénitude totale, nous ne sommes pas encore détachés.

La plénitude du détachement est le bonheur, qui est compréhension, car il résulte de la totalité de l’expérience, et celle-ci contient l’essence de la vie. Si l’on comprend bien ce que j’entends par expérience, on verra que cette totalité est contenue dans chaque expérience particulière, à condition que celles-ci soit véritable.

Ce que j’entends par expérience n’est pas une connaissance intellectuelle qui s’acquiert par l’observation des choses et des rapports qui existent entre elles. Cette connaissance intellectuelle reste à la surface de notre être. Je parle de l’expérience de compréhension qui nous touche dans notre raison d’être, par la Joie ou la souffrance. Cette expérience met en contact un événement, mort, naissance, amour, et un équilibre provisoire de l’être, établi sur des bases irréelles. Il y a expérience quand cet équilibre artificiel est détruit.

L’équilibre incertain et irréel qui est ainsi secoué par l’expérience, est construit par la peur et l’espoir qu’éprouve le « je » de se sentir incomplet. Sa peur et son espoir sont frappés par les expériences de la mort et de l’amour, leur édifice tombe et l’homme, dans ce vide, éprouve de nouveau le sentiment qu’il est incomplet. Si pour apaiser ce sentiment il reconstruit un nouvel édifice illusoire sur sa peur et son espoir, il n’utilise pas l’expérience, il refuse ce qu’elle lui a offert, et se met dans la nécessité de la recommencer.

Mais s’il comprend que cette expérience lui offre la possibilité d’aller jusqu’au bout de cette rupture d’équilibre, jusqu’à la base de sa raison d’être, il s’en servira pour aller chercher les causes de sa peur et de son espoir, et pour les éliminer. Une fois ces causes éliminées, il ne construira plus sur elles l’équilibre artificiel qui appelle l’expérience afin de se faire détruire, il ne construira plus rien, il sera établi dans la Vérité. Ainsi une seule expérience lui aura apporté la totalité de l’expérience. L’incertitude et le sentiment qu’il avait d’être incomplet l’ont conduit à la plénitude positive qui a dépassé toute expérience.

C’est cela le vrai détachement. C’est une sérénité qui s’exprime par l’action pure et impersonnelle, et dont le but ne dépend ni du temps ni de l’espace.

L’homme incomplet, poussé par sa peur et son espoir, passe d’un but illusoire à l’autre. Il cherche des appuis, il veut se faire guider et consoler, il veut trouver le bonheur en s’abritant dans des illusions, des Églises, des autorités. Mais s’il veut posséder la plénitude intérieure positive, il doit placer son but en dehors du temps et de l’espace. Ce but lui servira de point de repère et de moyen. Il ne doit pas en faire une spéculation de l’esprit, mais son être tout entier doit y participer.

De même que l’essence d’une goutte d’eau est l’essence de toute eau, la vie en chacun est l’essence de la vie.

Se comprendre soi-même dans sa propre essence c’est comprendre la totalité, ou le « je » a disparu. L’expérience était le contact d’une illusion (le « je ») et de la réalité (la Vie). Maintenant le « je » n’existe plus en aucune façon, ni subtile ni amplifié, il ne reste plus que la vie, on ne peut plus parler d’expérience.

Le « je » appartient au temps et à l’espace. La vérité, qui est la Vie, en est complètement indépendante: elle est immortelle. Pourtant les hommes veulent la chercher à travers leur » je », à travers le temps et l’espace, et l’exprimer par des formes.

La sincérité de l’homme qui possède la plénitude de la Vie ne ressemble à aucune autre, car ce qu’on appelle habituellement sincérité est une sincérité vis-à-vis de soi-même, de ce « je » créé par l’illusion, conditionné par le temps et l’espace, dominé par les circonstances. La vraie sincérité consiste à chasser hors de l’homme tout ce qui appartient au temps, à l’espace, au moi. Cette élimination n’est donc pas faite par le « je », mais par l’Éternité qui opère dans l’homme.

Ainsi le moi ne peut pas aller au devant de l’Éternité dans l’espoir de s’en emparer, il ne la trouvera jamais. Les religions qui incitent les hommes à trouver la vérité, en leur promettant comme récompense la Vie éternelle, ou en les menaçant d’une punition, sont créées par le « je » qui veut durer, qui a peur et qui espère, et n’ont donc aucun rapport avec la vérité.

L’Éternité travaille dans l’homme afin de briser en lui les murs du moi. Quand ces murs sont tombés, la Vérité est là. La résistance que le « je » oppose à ce travail de l’Éternité dans l’homme, les hommes l’appellent souffrance.

Pour calmer cette souffrance, ils pensent devoir accumuler des acquisitions et des expériences, car ils pensent que le moi doit évoluer, progresser, s’enrichir. Ils doivent au contraire devenir pleinement conscients et comprendre que la résistance que le moi oppose à l’Éternité peut cesser à n’importe quel moment. Il lui suffit de dégager d’une seule expérience, ainsi que je l’ai dit, la totalité de la compréhension qu’elle peut lui donner.

Puisque chaque expérience contient la totalité de l’expérience, elle n’est à proprement parler qu’un aspect d’une seule et unique expérience qu’il convient de faire jusqu’au bout. Il est donc tout à fait inutile de répéter indéfiniment des détails particuliers de cette expérience unique. Si, au lieu d’épuiser un détail, nous lui résistons, nous résisterons aussi bien à d’autres expériences, et en les accumulant nous ne ferons que perdre du temps dans une souffrance inutile, et dans l’illusion d’une évolution. Donc, une seule expérience doit pouvoir suffire.

J’ai dit que la souffrance est la résistance qu’oppose le « je » à l’Éternité. Mais il n’y a de vraie souffrance que lorsque le « je » connaît son but et qu’il ne peut pas s’empêcher de lui résister. La vraie souffrance est de tomber dans une erreur en sachant que c’est une erreur.

Celui qui prend toutes ces illusions pour des vérités est inconscient de son erreur et ne connaît pas la véritable souffrance qui conduit à la libération. Il souffre comme peut souffrir un enfant qui pleure son jouet cassé. Cette souffrance stérile de l’homme qui ne connaît pas son but fait indéfiniment tourner la roue de l’existence. L’homme n’y est même pas ignorant, il y est inconscient.

A ce stade d’inconscience, l’interminable succession d’efforts stériles que font les hommes est ce qu’ils appellent le renoncement et le sacrifice.

Lorsque le réel commence déjà à se mêler à l’illusion, la conscience s’éveille et cherche à discerner ce qui est réel de ce qui est illusoire. C’est la période de l’ignorance, où l’homme cherche la connaissance en faisant un choix. Il discerne ce qui est réalité et ce qui est illusion, et l’effort qu’il fait pour choisir, l’effort qu’il fait pour résister à ce qui n’est pas essentiel est la vraie souffrance. Dans cette souffrance qui le conduit à sa délivrance, il n’y a déjà plus de place pour la notion de sacrifice.

Enfin, le réel s’épanouit dans l’homme et celui-ci n’est plus attiré par ce qui n’est pas essentiel. L’Éternité a achevé son travail en lui, la lutte a cessé, il est libéré.

L’épanouissement de cette connaissance met fin aux actions qui enchaînent l’homme, car ces actions émanaient du « je ». Le « je » s’oppose toujours au réel, il est donc négatif, et ses actions ne sont en réalité que des réactions négatives.

J’ai déjà dit que le « je » ne peut pas progresser: Il peut se dissoudre dans l’Éternité. Cette dissolution est un état dynamique; elle n’est pas de l’indifférence. Au cours de sa lutte, le « je » peut éprouver la plus grande indifférence pour tout ce qui l’entoure et pour lui-même. Cette indifférence est l’opposé de la plénitude, car elle est faite du sentiment que tout est incomplet, que rien ne peut être complet.

Lorsque le « je » se trouve dans un état statique, dont il devra sortir un jour, deux possibilités s’ouvrent à lui: il peut chercher à dominer cet état et, dans ce cas, toute la série de ses expériences est à recommencer car il n’en a pas tiré sa leçon ou l’homme peut comprendre que ce qui est incomplet n’appartient qu’au « je », et alors il se débarrasse de lui. L’homme qui s’est débarrassé de son « je » est délivré même de la conscience, il est la plénitude de l’action pure. Cette plénitude et cette pureté sont inaltérables, elles ne dépendent plus ni de circonstances extérieures, ni d’états intérieurs, conscients au inconscients, individuels ou collectifs (groupes, classes, groupements religieux). L’action pure n’est pas altérée par ce qui appartient au temps et à l’espace.

Tout ce qui appartient au temps à l’espace est une limitation. Par exemple, l’amour personnel fait souffrir parce qu’il cherche à briser les limitations dans lesquelles il est enfermé. Au lieu de facilité cette tâche à l’amour, l’homme lutte contre lui. Il resserre ses limitations en croyant ainsi se garantir contre la souffrance. Son sens possessif érige contre l’amour de véritables murailles: on les appelle loyauté, fidélité, don de soi.

La souffrance dans l’amour provient de cette fausse conception que l’on a de l’amour. On veut l’enfermer dans des limites individuelles, et pour ne pas souffrir on se cramponne à la cause même qui crée la souffrance.

L’homme qui aime à l’intérieur de toutes les limitations construites par le « je » cherche à chaque instant à ajuster son amour à ces limitations. Sa jalousie, son désir, toutes ses actions, ses pensées, ses émotions s’efforcent, dans ce travail d’ajustement, d’adapter son amour à une illusion, de le maintenir dans les limites de son cercle.

Puisque cette adaptation veut se baser sur une illusion, elle est absolument illusoire. Tout ce travail est stérile et ne fera pas comprendre la cause de la souffrance. A l’intérieur du cercle tracé par le « je », l’homme souffre et lutte pour établir un lien permanent entre deux éléments opposés et irréductibles créés par ce cercle. Il se débat dans les dualités de l’amour et de la jalousie, de l’amour, et de la haine, de l’objet et du sujet, de la peur et de l’espoir. Tout ce qu’il appelle amour n’existe que dans ce cercle. Le véritable amour, qui est en dehors de ces limitations, lui semble inhumain; tandis qu’il est le seul amour vraiment humain.

L’amour véritable, vu par le « je » de l’intérieur de son cercle, semble cruel car le « je » ne comprend la compassion que comme un secours qui viendrait dans ses propres limites le réconforter. La Vérité vue de l’intérieur de ce cercle paraît si monstrueuse et inaccessible que l’on ne veut même pas croire à son existence.

L’homme ne veut pas quitter le cercle. Il croit que faire des efforts d’ajustement c’est vivre et faire des progrès. Progresser veut dire pour lui multiplier : multiplier les objets de ses désirs et de ses amours ou multiplier ses propres désirs en agrandissant et en renforçant son moi. Mais toutes ces multiplications ne sont que des divisions, car la nature du « je » est d’être isolée, donc il ne peut que séparer et diviser. Dans son cercle le détachement est impossible, on ne peut arriver qu’à l’indifférence.

Lorsque, martyrisé par la souffrance, l’homme se décide à briser le cercle, il découvre ce que j’ai appelé l’action pure; qui n’émane pas de son moi et qui, par conséquent, ne dépend pas non plus des autres « je ». Donc, cette action n’établit pas un rapport entre un « je » et un autre « je », ni même un rapport entre un point de vue personnel et des « je » : elle n’établit pas de rapports, elle est. Elle est la plénitude de l’amour détaché, qui est la Vie. Elle est au-delà de la séparation et au-delà de l’unité. En elle les qualités ont disparu car elle n’est pas conditionnée ni par l’espace ni par le temps, elle est l’épanouissement de l’Éternité."

La Vérité est un pays sans chemin. (Krishnamurti)

http://www.revue3emillenaire.com/blog/?p=9765
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyDim 27 Nov 2011 - 10:43

"L’homme passionné, mû par des sentiments forts, ne se contente pas d’une quelconque petite activité professionnelle. La passion est évidemment nécessaire, et la question est de savoir comment raviver cette passion. Qu’il n’y ait pas de malentendu entre nous. J’entends par passion la passion dans tous les sens du terme, et pas seulement la passion sexuelle, qui est bien peu de chose. Et nous nous en contentons, dans la plupart des cas, parce que toutes nos autres passions ont été anéanties - au bureau, à l’usine, sous le poids des contraintes du travail, de la routine, de l’apprentissage des techniques - , il ne reste donc plus la moindre passion ; il n’y a plus aucun sentiment créatif d’urgence, de délivrance. La sexualité prend donc pour nous de l’importance, et nous nous perdons dans une passion mesquine qui pose d’énormes problèmes aux esprits étroits, aux esprits vertueux ; ou bien la sexualité se transforme en habitude, et meurt. J’emploie le mot passion pour désigner une chose globale.

L’homme passionné, mû par des sentiments forts, ne se contente pas d’une quelconque petite activité professionnelle - qu’il s’agisse de celle de Premier ministre, ou de cuisinier, ou que sais-je encore.

L’esprit qui est passionné explore, cherche, regarde, demande, exige, il ne se contente pas, face à son insatisfaction, de trouver un objet lui permettant de la combler, pour s’endormir ensuite. L’esprit passionné avance à tâtons, cherche, franchit les obstacles, sans se plier à aucune tradition ; ce n’est pas un esprit figé, un esprit qui a atteint le but, mais c’est un esprit jeune, qui n’en finit jamais d’arriver".


Le Livre de la Méditation et de la Vie. Pages 136 et 137 - Esprit passionné, esprit qui explore. Editions Stock.

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyLun 28 Nov 2011 - 6:08

"Nous ne savons pas si nous sommes riches ou pauvres...

Le monde est un bon endroit, nous mettons tout en œuvre pour y échapper par le culte, la prière, nos amours et nos peurs. Nous ne savons pas si nous sommes riches ou pauvres, nous ne sommes jamais allés en profondeur en nous-mêmes et n’avons découvert ce qui est. Nous existons à la surface, satisfaits de si peu, et rendus heureux et malheureux par de si petites choses. Nos petits esprits ont de petits problèmes et de petites réponses, et c’est ainsi que nous passons nos journées. Nous n’aimons pas, et quand nous le faisons c’est toujours avec la peur et la frustration, avec la peine et la nostalgie."

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 3 Déc 2011 - 7:48

Il n’y a pas de relation immuable.

Existe-t-elle, cette sécurité psychologique, cette certitude que l’esprit recherche sans cesse ? Il apparaît évident, si l’on regarde une relation de tout près, qu’elle n’offre aucune certitude. Le mari et la femme, ou le garçon et la fille veulent établir une relation durable, et qu’arrive-t-il ? Si la femme ou le mari regarde en direction de quelqu’un d’autre, surgissent la peur, la jalousie, l’anxiété, la colère et la haine; il n’y a pas de relation immuable. Et pourtant l’esprit réclame constamment le sentiment d’appartenance.

Le vol de l’aigle
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyDim 4 Déc 2011 - 19:03

"L'observation est comme une flamme qui est attention et avec cette capacité d'observation, les blessures, le sentiment d'avoir de la peine, la haine tout cela est consumé, envolé."

Brockwood Park, le 29 août 1982
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 7 Déc 2011 - 7:50

" (...) Je (Krishnamurti) voudrais vous demander quel est votre intérêt fondamental et permanent, dans la vie. Laissant de côté toutes les réponses obliques et abordant cette question directement et honnêtement, que répondriez-vous ? Le savez-vous ? Que le centre de votre intérêt n’est autre que vous-même ?

C’est ce que la plupart d’entre nous répondraient s’ils étaient sincères : " je m’intéresse à mon évolution, à mon travail, à ma famille, au petit coin dans lequel je vis, à obtenir une meilleure situation, plus de prestige et de pouvoir, à mieux dominer les autres, etc.

" Je crois qu’il serait logique, n’est-ce pas, d’admettre que ce qui nous intéresse au premier chef c’est " moi d'abord " ?

Certains pourraient dire qu’il ne faudrait pas s’intéresser principalement à soi-même. Mais quel mal y a-t-il à cela, si ce n’est que nous l’admettons rarement en toute honnêteté ? Il arrive que nous en éprouvions comme un sentiment de honte. Mais voilà qui est dit : notre intérêt fondamental est nous-mêmes, quoique pour différentes raisons, idéologiques ou traditionnelles, nous pensons que c’est un mal.

Toutefois ce que l’on pense ne change rien : pourquoi introduire ici cette notion de mal ? Ce n’est qu’une idée, un concept. Le " fait " est que ce qui nous intéresse d’une façon fondamentale et durable, c’est nous-mêmes.

Vous pourriez me dire que l’on éprouve plus de satisfaction à aider les autres qu’à penser à soi. Où est la différence ? Si aider les autres est ce qui vous donne le plus de satisfaction, c’est que vous êtes intéressés par ce qui peut le plus vous satisfaire, vous. Pourquoi y introduire un concept idéologique ? Pourquoi ne pas vous dire que ce que vous désirez réellement, c’est vous satisfaire, soit par l’érotisme, soit par la charité, ou en devenant un grand saint, un homme de science, un homme politique ? C’est toujours le même processus n’est-ce pas ? Notre satisfaction par les moyens les plus divers, subtils ou grossiers : c’est cela que nous voulons.

Lorsque nous disons que nous voulons la " libération ", c’est que nous pensons qu’il s’agit de trouver un état qui satisfasse merveilleusement, et l’ultime satisfaction serait, bien sûr, l’idée saugrenue de la " réalisation " personnelle. En vérité, nous aspirons à une satisfaction qui ne comporterait rien qui puisse nous déplaire. La plupart d’entre nous ont un désir dévorant d’occuper une position sociale, craignant de n’être que des rien-du-tout. La société est faite de telle façon que l’homme qui occupe une belle situation est traité avec beaucoup de courtoisie, tandis que celui qui n’est rien socialement est malmené.

Tout homme au monde veut avoir sa place, dans la société, dans sa famille ou à la droite de Dieu, et cette situation doit être reconnue, sans quoi ce ne serait pas une situation du tout. Il nous faut toujours être sur une estrade. Intérieurement, nous sommes des remous douloureux et désordonnés.

Être considéré par le monde, passer pour des personnages importants, nous procure une grande compensation. Ce désir d’avoir du prestige, d’être puissant et d’être reconnu tel par la société, est en somme un désir de dominer, ce qui est une forme d’agression.

Le saint qui aspire à être dans un certain état de sainteté est aussi agressif que, dans sa basse-cour, la poule qui picore. Et quelle est la cause de cette agressivité ? La peur, n’est-ce pas ?

La peur est un des plus grands problèmes inhérents à la vie. Être sa victime c’est avoir l’esprit confus, déformé, violent, agressif, en perpétuel conflit. C’est ne pas oser s’éloigner d’un mode conventionnel de pensée, qui engendre l’hypocrisie.

Tant qu’on n’est pas délivré de la peur, on peut escalader les plus hautes montagnes, inventer toutes sortes de dieux, mais on demeure dans les ténèbres. Vivant dans une société stupide et corrompue comme la nôtre, dont l’éducation compétitive engendre la peur, nous sommes tous surchargés du fardeau de la peur. Il pèse horriblement sur nous, de toutes les façons. Il ternit, déforme et corrompt nos existences ".

Au sujet du conflit. (Extrait de la VIIIème causerie donnée à Paris le 21 septembre 1961)

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 14 Déc 2011 - 6:48

« L’homme heureux se soucie peu d’être riche ou pauvre, d’appartenir à telle classe sociale, à telle caste ou tel pays. Il n’a ni chefs, ni dieux, ni temples, ni églises, donc pas de querelles, pas d’inimitiés. Et cet état d’esprit et certainement ce qu’il a de plus efficace pour résoudre nos difficultés dans le chaos du monde actuel. Seuls peuvent éclairer efficacement , avec intelligence, les mondes de nos relations sociales, tous nos mondes de relations, ceux d’entre-nous qui connaissent le bonheur. Et il n’y a de bonheur qu’en notre propre fin. Il n’y en a pas tant que nous prolongeons le processus de notre devenir. En la fin de ce processus est un renouveau, une naissance, une fraîcheur, une joie. »

(Jiddu Krishnamurti)
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 20:04

"Il n'y a pas de méthode pour se connaître. Notre compréhension n'est pas un résultat; elle consiste à se voir, d'instant en instant, dans le miroir des rapports que l'on entretient avec les personnes, les choses, les possessions, les idées."

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 21:58

Se convaincre (qu'il n'y a pas de méthode) : c'est penser et enrichir l'ego, deux raisons pour arrêter de se convaincre.
Tu en sais suffisamment pour découvrir qui tu es, et apprendre à te connaitre  Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 334952




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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyVen 16 Déc 2011 - 17:21

oui, se dire qu'il n'y a pas de méthode ne doit pas devenir une "méthode".

oui, on a tout en soi.

au sujet des enseignements de K...la compréhension intellectuelle ne suffit pas biensur.

"Nous avons connu beaucoup de personnes sincères, qui, impatientes ou désespérées de la lenteur de leur transformation, ont estimé qu’il manquait à Krishnamurti un côté « pratique » ou « accessible ».

Certains se sont alors tournés vers ce qu’ils appellent « la pratique »… Pour les uns cela consiste en la récitation de « mantras » pour d’autres, le Za-Zen où toute l’importance du problème spirituel est mise sur les postures et la « position assise »… etc.

Pour Krishnamurti, la « pratique » ne se situe pas à ce niveau là, quoiqu’il pratique lui-même le yoga. Encore faut-il préciser qu’il le fait dans un tout autre esprit que la plupart.

La « pratique » essentielle consiste à dissoudre le mirage du « moi » à briser le rêve individuel et collectif des « égos », à ne plus agir dans le rêve et selon le rêve mais à se brancher directement sur la Réalité.

Pour y arriver, la seule compréhension intellectuelle, au niveau verbal est totalement insuffisante. Il s’agit de dépasser, dès le départ, l’attitude d’approche fragmentaire dans laquelle la presque totalité de l’humanité actuelle se trouve prisonnière. Seule, une perception globale immédiate est génératrice de transformation fondamentale, effective. Nous y reviendrons dans quelques instants.

A une dame qui demandait si la compréhension intellectuelle de son enseignement pouvait la rendre libre, Krishnamurti répondait :
« Madame, il ne s’agit pas de me comprendre, mais de vous comprendre vous-même. Votre « moi-même », est une chose vivante, une chose en mouvement, jamais la même, active, entreprenante. Pour regarder ce « moi », vous devez avoir un esprit souple, fluide, et il ne peut l’être tant qu’il fonctionne préalablement à une conception préétablie. Voyez-vous, la jalousie, l’envie, l’avidité, l’ambition, le désir d’être important… tout cela est relié, et le lien connectif est produit par le « centre », par le « moi ». Ce centre est la mémoire, avec ses conformismes, ses images. Etant consciemment ou inconsciemment toujours à la recherche du plaisir, il engendre la douleur…

C’est ce que vous êtes en train de faire, c’est cela qui a lieu en chacun de nous… donc ce n’est pas moi que vous comprenez. Celui qui parle (Krishnamurti)… n’est qu’une caisse de résonance, il n’est pas du tout important. Il attire l’attention sur la façon dont vous pouvez vous écouter vous-même. Et si vous savez écouter, vous pouvez partir pour un voyage qui n’a pas de fin…
La compréhension de soi, engendre l’ordre et la vertu. Elle fait cesser les conflits. En cet état est une grande beauté. » (Extrait de l’Homme et son image, par J. Krishnamurti, p. 188)."

http://www.revue3emillenaire.com/blog/?p=171

se connaître et surtout s'ACCEPTER tel que l'on est...pas si évident Wink
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyDim 18 Déc 2011 - 8:22

" Une révolution fondamentale n’est possible... que lorsque les idées n’ont plus d’importance et qu’elles ont cessé de fonctionner. L’Amour est le seul facteur qui puisse susciter une révolution fondamentale. L’Amour est la seule révolution authentique. Ce n’est que lorsque le drapeau, la croyance, le dirigeant, l’idée en tant qu’action élaborée disparaîtront que l’Amour pourra être. L’Amour est la seule Révolution créative et continuelle. "

bon dimanche, et offrez de l'amour, le seul cadeau qui vaille Wink
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyLun 19 Déc 2011 - 19:30

"Nous cherchons à répéter l'acte qui fait du discours de KRISHNAMURTI l'éthique d'une parole. Ce serait passer du bavardage à une parole. Qu'est-ce qui fait que cette parole-là me bouleverse ? Le silence qui soutient son dire ? Quel retour attend-il ? Comment articuler cette parole en public et un retrait silencieux ?

Sa parole, ce n'est pas une suite d'affirmation à répéter, mais à éprouver par chacun comme vrai, avec une totale liberté de la refuser. Cette parole porte sur le changement intérieur radical qui seul peut, peut-être, transformer les structures extérieures. Il veut attirer l'attention sur la stagnation psychologique d'une humanité toujours primitive dans ses jalousies, dans ses peurs, dans ses haines, dans son racisme, dans son esprit de guerre et de propriété. Il met chacun en face de sa responsabilité. << Vous êtes le monde >>, dit-il, signifie que nous contribuons tous à son état actuel !!..."

http://www.barbier-rd.nom.fr/KrishnamurtietConseilALhot.html

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyJeu 22 Déc 2011 - 21:28

Ce n’est pas du perfectionnement.

L’homme qui veut se perfectionner ne sera jamais conscient, car le perfectionnement implique de condamner et d’obtenir un résultat. Dans l’état de conscience, l’observation ne condamne pas, ne rejette pas, n’accepte pas.

Cette conscience commence par les choses extérieures, être conscient, être en contact avec les objets, avec la nature. En premier, conscient des choses autour de soi, sensible aux objets, à la nature, puis aux gens, ce qui implique la relation; ensuite être conscient de l’idée. Cet état d’éveil, cette sensibilité aux choses, à la nature, aux gens, aux idées ne se fait pas par différents paliers, c’est un processus global. C’est l’observation constante de tout, de chaque pensée, sentiment et action à mesure qu’ils apparaissent à l’intérieur de soi.

La première et dernière liberté
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyVen 23 Déc 2011 - 17:13

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyJeu 29 Déc 2011 - 9:36

"Pourquoi avez-vous peur d’être seul ?

Si vous ne suivez pas quelqu’un, vous vous sentez très solitaire. Alors soyez solitaire.

Pourquoi avez-vous peur d’être seul ? Parce que vous êtes face à vous-même tel que vous êtes et que vous constatez que vous êtes vide, terne, stupide, déplaisant, coupable et anxieux - une entité de seconde main, insignifiante et de mauvaise qualité. Faites face au fait ; regardez-le, ne le fuyez pas. Dès que vous fuyez, la peur commence...."
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 31 Déc 2011 - 7:12

sur la souffrance...

"...Il faut comprendre et ne pas refuser le chagrin. Le refuser c'est donner de la continuité à la souffrance ; le refuser c'est échapper à la souffrance. Pour comprendre la souffrance, il faut l'aborder directement, comme une expérience que vous faites, sans chercher à trouver un résultat déterminé. Si vous recherchez un résultat déterminé, l'expérimentation n'est pas possible. Si vous savez ce que vous voulez trouver, la recherche n'est plus une expérimentation. Si vous cherchez à vous débarrasser de la souffrance, ce qui est la condamner, vous ne pouvez pas comprendre son processus total ; lorsque vous essayez de surmonter la souffrance, tout ce qui compte pour vous c'est de la fuir. Pour comprendre la souffrance, l'esprit ne doit avoir aucune action positive pour la justifier ou la surmonter: l'esprit doit être entièrement passif, silencieux et vigilant, afin qu'il puisse suivre sans hésitation le dévoilement du chagrin. L'esprit ne peut suivre l'histoire du chagrin s'il est enchaîné à un espoir, une conclusion ou un souvenir. Pour suivre le rapide mouvement de ce qui est, l'esprit doit être libre ; la liberté n'est pas une chose qui s'obtient à la fin, elle doit être là dès le commencement.

« — Que signifie toute cette douleur? »

La douleur n'est-elle pas l'indice du conflit, le conflit de la souffrance et du plaisir? La douleur n'est-elle pas une preuve d'ignorance? L'ignorance n'est pas le manque d'informations sur les faits ; l'ignorance est la non-conscience du processus total de soi-même. Il y a souffrance tant qu'il n'y a pas compréhension des voies du moi ; et les voies du moi ne peuvent se découvrir que dans l'action de la relation.

« — Mais ma femme est morte. »

Il n'y a pas de fin à la relation. Une relation particulière peut mourir, mais la relation ne peut cesser. Être, c'est être en relation, et rien ne peut vivre dans l'isolement. Nous essayons de nous isoler à travers une relation particulière, et un tel isolement engendre inévitablement la douleur. La douleur est le processus d'isolement.

« — La vie pourra-t-elle jamais redevenir ce qu'elle a été? » Les joies d'hier peuvent-elles se répéter aujourd'hui? Le désir de répétition ne vient que de l'absence de joie dans le présent ; lorsqu'aujourd'hui est vide, nous nous tournons vers le passé ou vers le futur. Le désir de répétition est le désir de continuité, et dans la continuité il n'y a jamais le renouveau. Il n'y a pas de bonheur dans le passé ni dans le futur, mais seulement dans le mouvement du présent...."

http://nous-les-dieux.org/Krishnamurti/Commentaires_sur_la_vie/Commentaires_sur_la_vie_-_tome_1/1956-00-00_Commentaires_sur_la_vie_-_tome_i_chapitre_84_%27la_souffrance%27
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 31 Déc 2011 - 19:48

Merci  Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 334952
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMar 10 Jan 2012 - 20:23

"La conséquence de l’attachement est la crainte de perdre ce qu’on a ; de la crainte naît la jalousie et de celle-ci la haine. Bien sûr, la jalousie n’est que la haine. Si vous êtes attaché à quelque chose, à une idée, à une personne, pouvez-vous mettre fin à cet attachement à l’instant ? Voilà ce qu’est la mort !

Vivre avec la cessation de tout sentiment d’attachement, vivre la fin de toute peur ; l’activité du cerveau demeure, mais elle n’a plus de direction, d’intention préconçue. Ainsi vivre avec la mort à chaque seconde, sans amasser, sans rien conserver, sans donner de continuité à quoi que ce soit. C’est la vraie liberté, et par cette liberté vient l’amour, qui n’est ni l’attachement , ni le plaisir, ni l’accomplissement."
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 11 Jan 2012 - 8:16

qui sommes-nous ?

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 11 Jan 2012 - 10:00

ça secoue ! ... merci Myriam de mon coeur  Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 334952


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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 14 Jan 2012 - 9:03

j'espère avoir bientôt des extraits de vidéo doublé oralement Wink

"Pourquoi la jalousie engendre-t-elle de la colère ?

Krishnamurti :

- La colère que fait naître la jalousie, procure un soulagement agréable dans la mesure où elle est une justification de soi. Nous condamnons l'autre, et cette condamnation nous justifie à nos yeux. Nous cherchons par tous les moyens à affirmer notre personnalité, et la colère, comme la haine, est un des moyens les plus faciles.

Le simple mouvement d’humeur, une flambée de colère vite oubliée, est une chose ; mais la colère délibérément mûrie et qui cherche à blesser et à détruire est tout autre chose. Ainsi nous trouvons des justifications à notre colère. Nous ne disons jamais simplement que nous sommes jaloux ou fâchés, mais nous justifions ou nous expliquons notre jalousie ou notre ressentiment.

C’est l’explication, la formulation, silencieuse ou exprimée, qui entretient la colère, qui l’amplifie et l’enracine."

"...La colère a ceci de particulier qu’elle vous isole ; comme le chagrin, elle vous retranche du monde, et vous fait perdre le sens des relations humaines."


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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 18 Jan 2012 - 7:19

Être religieux c'est être sensible au réel...

"Cette verte prairie parsemée de fleurs jaune moutarde et traversée par un ruisseau offre un bien joli spectacle. Je la contemplais pas plus tard qu'hier soir: face à la beauté et à la paix extraordinaires de la campagne, on se demande invariablement ce qu'est la beauté. Il existe une réaction instinctive à ce qui est beau comme à ce qui est laid, c'est la réponse du plaisir ou de la douleur, et nous exprimons ce sentiment sous forme de mots, en disant: « C'est beau », ou: « C'est laid. » Or ce qui compte n'est pas le plaisir ou la douleur, mais plutôt le fait d'être en communion avec toute chose, d'être sensible à la fois au beau et au laid.

Qu'est-ce que la beauté?

C'est une question tout à fait fondamentale, ne l'écartez pas, car elle est loin d'être superficielle. Comprendre ce qu'est la beauté, avoir ce sentiment de bonté qui vient quand l'esprit et le cœur sont en communion avec quelque chose de beau, sans aucun blocage, parce qu'on se sent parfaitement à l'aise - cela a sans aucun doute une immense portée dans la vie ; et si nous ne connaissons rien de cette réaction face à la beauté, nos vies seront bien creuses. On peut être entouré d'une immense beauté, environné de montagnes, de champs et de rivières, si l'on n'est pas conscient de tout cela, autant être mort.

Vous tous, garçons et filles, mais vous aussi les adultes, posez-vous simplement cette question: qu'est-ce que la beauté? La propreté, la netteté de la tenue vestimentaire, un sourire, un geste gracieux, le rythme d'une démarche, une fleur dans vos cheveux, de bonnes manières, une élocution claire, la prévenance, la considération envers les autres, qui inclut la ponctualité - tout cela fait partie de la beauté, mais à un niveau superficiel, n'est-ce pas? La beauté se limite-t-elle à cela, ou y a-t-il en elle quelque chose de beaucoup plus profond?

Il y a la beauté de la forme, la beauté des lignes, la beauté de la vie. Avez-vous observé la forme harmonieuse d'un arbre quand il est tout en feuilles, ou l'extraordinaire délicatesse de sa silhouette nue sur fond de ciel? De tels spectacles sont magnifiques à contempler, mais ils ne sont que l'expression superficielle de quelque chose de beaucoup plus profond. Qu'est-ce donc que nous appelons la beauté?

Vous pouvez avoir un beau visage, des traits bien dessinés, vous pouvez vous habiller avec goût et avoir des manières policées, vous pouvez être un bon peintre ou écrire de bons textes sur la beauté du paysage, mais sans ce sentiment intérieur de bonté, toutes ces manifestations extérieures de la beauté mènent à une vie très superficielle, très sophistiquée, et qui n'a guère de sens.

Nous devons donc découvrir ce qu'est véritablement la beauté, ne croyez-vous pas? Attention: je ne dis pas qu'il faille éviter les expressions extérieures de la beauté. Nous devons tous avoir de bonnes manières, être propres et nous habiller avec goût, sans ostentation, nous devons être ponctuels, nous exprimer clairement, et ainsi de suite. Ces choses-là sont indispensables et elles créent une atmosphère agréable ; mais elles n'ont que peu de signification en elles-mêmes.

C'est la beauté intérieure qui donne une grâce, une douceur exquises à la forme et au mouvement extérieurs. Et qu'est-ce donc que cette beauté intérieure sans laquelle notre existence est très creuse? Y avez-vous déjà réfléchi? Sans doute pas. Vous débordez d'activité, votre esprit est trop occupé à étudier, à jouer, à parler, à rire et à taquiner. Mais vous aider à découvrir ce qu'est la beauté intérieure, sans laquelle forme et mouvement n'ont guère de sens - voilà qui fait partie des fonctions d'une éducation authentique. Et une aptitude profonde à apprécier la beauté est un élément essentiel de votre existence.

Un esprit superficiel peut-il apprécier la beauté? Certes il peut en parler, mais peut-il faire l'expérience de cet immense jaillissement de joie que déclenche la vue de quelque chose de réellement beau?

Quand l'esprit ne s'intéresse qu'à lui-même et à ses propres activités, il n'est pas beau, et quoi qu'il fasse, il reste laid, limité, et par conséquent incapable de savoir ce qu'est la beauté. Alors qu'un esprit qui ne se soucie pas de lui-même, qui est dépourvu de toute ambition, qui n'est pas esclave de ses propres désirs, ou mû par la soif de réussite - cet esprit-là n'est pas superficiel, et il resplendit de bonté. Comprenez-vous? C'est cette bonté intérieure qui donne la beauté - même à ceux que l'on dit laids. Quand cette bonté intérieure est là, le visage ingrat se transforme, car la bonté intérieure est en réalité un profond sentiment religieux.

Savez-vous ce que veut dire être religieux?

Cela n'a rien à voir avec les cloches des temples, bien que leur tintement dans le lointain soit plaisant à l'oreille, rien à voir avec les pujas, ni avec les cérémonies des prêtres et tous ces rituels absurdes. Être religieux, c'est être sensible à la réalité: votre être tout entier, corps, cœur et esprit, est sensible à la beauté et à la laideur - à l'âne attaché à un poteau, à la pauvreté et à la saleté de cette ville, au rire et aux larmes, à tout ce qui vous entoure. De cette sensibilité à tous les aspects de l'existence jaillissent la bonté, l'amour ; et sans cette sensibilité il n'y a pas de beauté, même si vous avez du talent, si vous savez vous habiller, si vous roulez dans une voiture luxueuse et si vous êtes d'une propreté irréprochable.

L'amour est une chose extraordinaire. Mais on est incapable d'aimer si l'on pense à soi-même - ce qui ne veut pas dire qu'on doive absolument penser à quelqu'un d'autre. L'amour n'a pas d'objet: il est. L'esprit qui aime est en réalité un esprit religieux car il est dans le mouvement de la réalité, de la vérité, de Dieu, et seul un tel esprit peut savoir ce qu'est la beauté. L'esprit qui n'est pas enfermé dans une philosophie, prisonnier d'un système ou d'une croyance, qui n'est pas mû par sa propre ambition et qui est donc sensible, vif, attentif - cet esprit-là possède la beauté.

Il est très important que vous appreniez, tandis que vous êtes jeunes, à être ordonnés et propres, à vous asseoir correctement sans vous agiter sans cesse, à bien vous tenir à table, à être prévenants et ponctuels ; mais tout cela, bien que nécessaire, reste superficiel, et si vous ne faites que cultiver le superficiel sans comprendre ce qu'il y a de plus profond, jamais vous ne connaîtrez le sens véritable de la beauté. Un esprit qui n'appartient à aucune nation, à aucun groupe, à aucune société, qui n'exerce aucune autorité, qui n'est ni motivé par l'ambition ni freiné par la peur - cet esprit-là est toujours resplendissant d'amour et de bonté. Parce qu'il est dans le mouvement de la réalité, il sait ce qu'est la beauté ; étant à la fois sensible au beau et au laid, cet esprit est créatif, et sa faculté de compréhension est sans limites.

Question : Si j'ai des ambitions étant enfant, serai-je capable de les réaliser en grandissant?

Krishnamurti : En général, les ambitions enfantines sont de courte durée, n'est-il pas vrai? Un petit garçon veut être conducteur de locomotive ; ou il voit un avion traverser le ciel comme une flèche et il veut devenir pilote ; ou il entend un orateur politique et il veut lui ressembler ; ou bien il voit un sannyasi et décide qu'il veut en être un, lui aussi. Une fille peut souhaiter avoir de nombreux enfants, ou devenir l'épouse d'un homme riche et vivre dans une grande maison, à moins qu'elle n'aspire à peindre ou à écrire des poèmes.
Les rêves d'enfant se réaliseront-ils? Et les rêves valent-ils la peine de devenir réalité? Chercher à réaliser un désir, quel qu'il soit, est toujours source de souffrance. Vous ne l'avez peut-être pas encore remarqué, mais vous le ferez en grandissant. La souffrance est l'ombre portée du désir. Si je veux devenir riche ou célèbre, je me bats pour atteindre mon but, en écartant les autres au passage et en suscitant de l'hostilité ; mais même si j'obtiens satisfaction, tôt ou tard il m'arrive forcément quelque chose: je tombe malade, ou au moment même où mon désir se réalise, un autre désir s'empare de moi ; et puis il y a toujours la mort qui rôde au coin de la rue. L'ambition, le désir et son accomplissement mènent inévitablement à la frustration et à la souffrance. C'est un processus que vous pouvez constater par vous-même. Étudiez tout autour de vous les gens plus âgés, les hommes célèbres, ceux qui ont du poids dans le pays, ceux qui se sont fait un nom et qui ont du pouvoir. Regardez leurs visages: voyez comme ils sont tristes, ou bien gras et pompeux. Leurs visages ont des traits disgracieux. Ils ne rayonnent pas de bonté parce que la souffrance est là dans leur cœur.

Ne peut-on vivre dans ce monde sans avoir d'ambitions, juste en étant ce que l'on est? Si vous commencez à comprendre ce que vous êtes, sans chercher à le modifier, ce que vous êtes subit alors une transformation. Je pense qu'il est possible de vivre dans ce monde de manière anonyme, en parfait inconnu, sans être célèbre, ambitieux ni cruel. On peut vivre heureux en n'accordant aucune importance à l'ego ; et cela fait aussi partie d'une éducation digne de ce nom.

Le monde entier vénère le succès. On entend raconter l'histoire de ce petit garçon pauvre qui passait ses nuits à étudier et qui est finalement devenu juge, ou de celui qui a débuté comme vendeur de journaux pour se retrouver multimillionnaire. Cette glorification du succès est votre pain quotidien. Or l'accession à une immense réussite s'accompagne d'une grande souffrance. Mais nous nous laissons généralement piéger par le désir de réussir, et le succès compte beaucoup plus à nos yeux que la compréhension et l'éradication de la souffrance.
Question : N'est-il pas très difficile, dans le système social actuel, de mettre en pratique ce dont vous parlez?

Krishnamurti : Quand vous avez des convictions, estimez-vous difficile de les mettre en pratique?

Si vous êtes passionné de cricket, vous vous impliquez de tout votre être dans le jeu, n'est-ce pas? Et vous dites que c'est difficile? Ce n'est que lorsque la vérité d'une chose n'est pas d'une importance vitale à vos yeux que vous la considérez difficile à mettre en pratique. En fait vous ne l'aimez pas. Ce que vous aimez, vous le faites avec ardeur, avec joie, et ce que la société ou vos parents peuvent dire est alors sans importance. Mais si vous n'êtes pas foncièrement convaincu, si vous ne vous sentez pas libre et heureux de faire ce que vous croyez être bien, votre intérêt pour cette chose est évidemment faux, dénué de réalité ; tout devient donc insurmontable et vous dites que les choses sont difficiles à mettre en pratique.

En faisant ce que vous aimez, vous rencontrerez, bien sûr, des difficultés, mais ce sera sans importance pour vous, cela fait partie de la vie. En somme, pour nous la difficulté est devenue une philosophie, et nous considérons comme des vertus l'effort, la lutte, la résistance.

Ce dont je parle, ce n'est pas des hautes compétences acquises de haute lutte, grâce à l'effort, mais de l'amour avec lequel on fait les choses. Mais ne vous battez pas contre la société, ne vous attaquez pas aux traditions mortes si vous n'avez pas en vous cet amour, car sans lui votre lutte n'aura pas de sens, et vous ne ferez que susciter des maux plus grands encore. Alors que si vous avez un sentiment profond du vrai et du juste, et que vous êtes donc capable d'affronter seul les événements, votre action, née de l'amour, sera d'une portée extraordinaire, elle aura vitalité et beauté.
Les grandes choses naissent toujours d'un esprit très silencieux ; et un esprit silencieux n'est pas le fruit de l'effort, du contrôle et de la discipline.

Question : Qu 'entendez-vous par ce changement total, et comment peut-il se réaliser au sein même de notre être?

Krishnamurti : Pensez-vous qu'un changement total puisse se produire si vous vous efforcez de le faire advenir? Mais savez-vous ce qu'est le changement? Supposons que vous soyez ambitieux et que vous ayez commencé à saisir tout ce qu'implique l'ambition: l'espoir, la satisfaction, la frustration, la cruauté, la souffrance, l'absence de considération, l'avidité, l'envie et un total manque d'amour. Qu'allez-vous faire, face à ce constat? Allez-vous faire des efforts afin de changer ou de transformer l'ambition en quelque chose d'autre - ce qui est une nouvelle forme d'ambition, impliquant le désir d'être autre que ce que l'on est, n'est-ce pas? Vous pouvez, certes, rejeter un désir, mais par ce processus même, vous en cultivez un autre qui est lui aussi source de souffrance.

Si vous voyez que l'ambition est source de souffrance, et que le désir de mettre fin à l'ambition est lui aussi source de souffrance, si vous voyez très clairement et par vous-même la véracité de ces faits, et que, vous abstenant d'agir, vous laissez agir la vérité, cette vérité suscite alors dans l'esprit un changement fondamental, une révolution totale. Mais cela exige énormément d'attention, de pénétration, de lucidité.

Lorsqu'on vous dit, comme il est de règle, que vous devez être bon, que vous devez aimer, que se passe-t-il en général? Vous dites: « Je dois m'entraîner à être bon, manifester de l'amour envers mes parents, envers le domestique, envers l'âne, envers toute chose. » Cela veut dire que vous faites des efforts pour manifester de l'amour - et cet « amour » devient très mesquin et trop beau pour être vrai, à l'image de 1'« amour » de ces nationalistes qui s'entraînent éternellement à la mise en pratique de la fraternité, ce qui n'est que pure stupidité. C'est l'avidité qui pousse à ces pratiques. Mais si vous voyez le nationalisme ou l'avidité dans toute leur vérité, et que vous laissez cette vérité opérer sur vous, que vous la laissez agir d'elle-même, vous serez fraternel sans faire aucun effort. Un esprit qui veut pratiquer l'amour est incapable d'aimer. Mais si vous aimez sans vouloir intervenir, alors l'amour agira.

Question : Qu'est-ce que l'enflure de l'ego?

Krishnamurti : Si vous voulez devenir gouverneur, ou un célèbre professeur, si vous imitez quelqu'un d'important ou un grand héros, si vous essayez de suivre l'exemple de votre gourou ou d'un saint, alors ce processus d'imitation, de soumission est une forme d'enflure de l'ego, n'est-ce pas? L'ambitieux, celui qui veut devenir un grand homme, qui veut se réaliser, aura beau dire: « J'agis au nom de la paix et pour l'amour de mon pays », son action n'est qu'une forme d'enflure de l'ego.

Question : Pourquoi l'homme riche est-il orgueilleux ?

Krishnamurti : Un jeune garçon demande pourquoi l'homme riche est orgueilleux. L'avez-vous vraiment constaté? Les pauvres n ont-ils pas eux aussi de l'orgueil? Nous avons tous nos propres formes d'arrogance que nous manifestons de diverses manières. Le riche, le pauvre, l'érudit, l'expert, le saint, le leader, chacun à sa manière a le sentiment d'être arrivé, d'avoir réussi, d'être quelqu'un, ou d'avoir des capacités. Mais celui qui n'est rien, qui n'a pas envie de devenir quelqu'un, qui est simplement lui-même et qui se connaît - cet homme-là est dénué d'arrogance et d'orgueil.

Question : Pourquoi sommes-nous toujours pris au piège du «moi » et du « mien », et pourquoi, au cours de chacune de nos réunions avec vous, évoquons-nous sans cesse les problèmes causés par cet état d'esprit ?

Krishnamurti : Voulez-vous vraiment le savoir, ou vous a-t-on soufflé la question? Le problème du « moi » et du « mien » nous concerne tous. C'est en fait notre seul et unique problème, et nous n'en finissons pas de l'aborder sous différents angles, parfois en termes de réalisation de soi, parfois en termes de frustration, de souffrance. Le désir d'un bonheur durable, la peur de mourir ou de perdre ses biens, le plaisir d'être flatté, la rancœur après les insultes, les querelles concernant votre dieu et le mien, vos points de vue et les miens - c'est à cela et à rien d'autre que l'esprit s'intéresse en permanence. Il peut toujours faire semblant de rechercher la paix, d'être fraternel, d'être bon, d'aimer, mais derrière le paravent des mots il continue à être en proie aux conflits du « moi » et du « mien », et c'est pourquoi il crée les problèmes que vous évoquez tous les matins sous des formulations différentes.

Question : Pourquoi les femmes aiment-elles tant s'habiller?

Krishnamurti : Vous ne le leur avez pas demandé? Et vous n'avez jamais observé les oiseaux non plus? Chez eux c'est souvent le mâle qui est le plus coloré, le plus fringant. Être physiquement attrayant fait partie de la parade sexuelle visant à faire des petits. C'est la vie. Les garçons ne font pas autrement. En grandissant, ils aiment se coiffer d'une certaine façon, porter une jolie casquette, mettre de beaux habits - la démarche est la même. Nous voulons tous nous faire valoir. Le riche qui parade dans sa voiture de luxe, la jeune fille qui veut se faire toujours plus belle, le garçon qui s'efforce d'être très élégant - tous veulent montrer ce qu'ils ont. Le monde est étrange, ne trouvez-vous pas? Le lis ou la rose, eux, ne font jamais semblant: la beauté de la fleur tient dans ce qu'elle est.

1963, Le Sens du Bonheur

un best seller Wink

http://nous-les-dieux.org/Krishnamurti/1960%27s/Le_Sens_du_Bonheur/Jiddu_Krishnamurti_1963_Le_Sens_du_Bonheur_20

flower

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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyVen 20 Jan 2012 - 17:34

"- Voir les chaînes de l'autre nous fait prendre conscience de notre propre enfermement et nous pousse à obéir à un mobile : être libre de ses propres chaînes. Or, chercher à se libérer d'une femme, d'un homme, d'une idée, d'une méthode ou d'une croyance religieuse, sous-entend renoncer à un attachement au profit d'autre chose qui se révélera être encore un attachement. C'est une chaîne sans fin ! Alors que faire ?

Krishnamurti :
- Alors je me dis : « regarde ce que tu as fait ; fais attention ; ne te laisse pas prendre à ce piège ». Qu’il ait pour objet une femme, une méthode ou une idée, ce n’en est pas moins de l’attachement. A ce stade, je suis très attentif, car j’ai appris quelque chose ; j’ai appris que l'observation est beaucoup plus importante que l’immixtion de la pensée."

‎"On rencontre beaucoup d'hommes parlant de libertés, mais on en voit très peu dont la vie n'ait pas été principalement consacrée à se forger des chaînes." Gustave Le Bon
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyLun 13 Fév 2012 - 20:43

"Enfin, les actions qui expriment la vie sont celles qui ne naissent pas du sens du moi, celles qui ne proviennent pas du désir qu'a le "je" de durer et de s'amplifier, celles où la conscience même de l'individu a disparu, celles qui expriment uniquement l'essentiel...l'action essentielle est essentiellement simple...en elle, il n'y a ni objet ni sujet, mais l'amour, qui est l'essence de toute chose. Elle est l'action pure, où la conscience est libérée"
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyVen 17 Fév 2012 - 17:29

"Adorer quelqu’un, c’est s’adorer soi-même ; l’image, le symbole, sont des projections de soi. C’est vous-même que vous adorez au travers de l’image que votre pensée a créée. Votre dévotion n’est que l’amour de vous-même recouvert du chant de votre esprit. Vous êtes le tableau, le tableau n’est que le reflet de votre esprit."
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMar 21 Fév 2012 - 8:06

"A quoi avons-nous réduit ce monde ! C’est un monde si beau, avec ses ravissantes collines, ses montagnes merveilleuses et ses formidables rivières.

Après trois mille ans de souffrance humaine, de lutte entre les hommes, d’obéissance, de soumission, d’entre-déchirement, voilà à quoi nous l’avons réduit: une masse confuse d’êtres sauvages et irréfléchis qui ne prennent pas soin de la terre, ni de s...es splendeurs, ni de la beauté d’un lac, d’une mare ou de la rivière rapide et bondissante ;personne ne semble s’en soucier.

Nous ne nous intéressons qu’à nos petits moi, nos petits problèmes et ceci après trois ou cinq mille ans de prétendue culture."

Krishnamurti - Extrait de la flamme de l’attention
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyLun 27 Fév 2012 - 16:59

"N'est-il pas très étrange de constater que, dans ce monde, où il y a tant de distractions, tant d'amusements, nous soyons presque tous spectateurs, et si rarement acteurs ? Chaque fois que nous avons quelque temps libre, nous sommes pour la plupart en quête d'une forme de divertissement. Nous choisissons un livre sérieux, un roman ou un magazine. En Amérique nous allumons la radio ou la télévision,... ou nous nous livrons à d'incessants bavardages. Nous exigeons sans cesse d'être divertis, amusés, arrachés à nous-mêmes. Nous avons peur d'être seuls, peur d'être privés de compagnie, privés de distractions d'une espèce ou d'une autre.

Nous ne sommes que très peu à aller nous promener dans les champs, sans parler ni chanter des chansons, sans rien faire d'autre que marcher tranquillement et observer les choses autour de nous et en nous. C'est une chose que nous ne faisons pratiquement jamais, car en général nous nous ennuyons énormément ; nous sommes pris dans le train-train de l'enseignement ou de l'étude, des tâches ménagères ou du travail, et dans nos moments de liberté nous cherchons à nous distraire, de manière sérieuse ou légère. Nous lisons ou nous allons au cinéma - ou nous nous tournons vers la religion ce qui revient au même. La religion est devenue, elle aussi, une forme de distraction, une façon d'échapper à l'ennui, à la routine."

Krishnamurti - voir http://nous-les-dieux.org/Krishnamurti/1960%27s/Le_Sens_du_Bonheur/Jiddu_Krishnamurti_1963_Le_Sens_du_Bonheur_23
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 29 Fév 2012 - 6:33

"Toute croyance divise. Nous voyons comment les partis politiques s'opposent l'un à l'autre. Chacun d'eux, ayant sa méthode pour résoudre les problèmes économiques, est en guerre contre tous les autres. Ils ne prennent pas la décision de combattre immédiatement la famine, par exemple, mais se battent entre eux pour faire triompher des théories censées devoir mettre fin à la famine. Le problème lui-même, ils ne s'en soucient guère ; ce qui les intéresse c'est la méthode à employer pour le résoudre. Ils sont donc en conflit, chacun se souciant plus de son idée que du problème commun. De même les personnes dévotes sont en conflit l'une avec l'autre, tout en proclamant - en paroles - la vie une, Dieu et le reste. Intérieurement, leurs croyances, leurs opinions, leurs expériences sont en train de les détruire et de les séparer de leurs semblables."

Krishnamurti - Extrait de http://nous-les-dieux.org/Krishnamurti/1950's/La_Premi%C3%A8re_et_Derni%C3%A8re_Libert%C3%A9/Jiddu_Krishnamurti_1953_La_Premi%C3%A8re_et_Derni%C3%A8re_Libert%C3%A9_18
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyVen 2 Mar 2012 - 5:42

La plupart d'entre nous veulent avoir de l'argent, du pouvoir, des biens, de l'autorité, à un niveau ou à un autre nous voulons un statut, un prestige, une autorité, et nous avons donc bâti une société où domine l'instinct de possession. Tant que nous avons cet instinct, tant que nous sommes en quête de statut social, de prestige, de pouvoir et de tout ce qui s'ensuit, nous appartenons a cette société, et donc nous dépendons d'elle. Mais si l'on ne veut rien de tout cela, et qu'on reste simplement tel qu'on est avec une grande humilité, alors on est en dehors du système, on se révolte contre lui et l'on rompt avec cette société.

Malheureusement, à l'heure actuelle l'éducation vise à vous inciter au conformisme, à vous adapter et à vous ajuster à cette société de l'avoir. C'est tout ce qui intéresse vos parents, vos professeurs et vos livres. Tant que vous vous conformez, tant que vous êtes ambitieux, âpre au gain, que vous corrompez et détruisez les autres dans la course au pouvoir et à l'influence, vous êtes considéré comme un citoyen respectable.

On vous apprend à vous insérer dans la société - or cela, ce n'est pas de l'éducation, ce n'est qu'un simple système qui vous conditionne à vous soumettre à des schémas établis. La véritable fonction de l'éducation n'est pas de vous former à la carrière d'employé de bureau, de juge ou de Premier ministre, mais de vous aider à comprendre tous les rouages de cette société pourrie et de vous permettre de grandir dans la liberté, de sorte que vous couperez les ponts et créerez une société différente, un monde nouveau.

Il faut qu'il y ait des gens révoltés - pas partiellement, mais totalement en révolte contre l'ancien monde -, car seuls ceux-là peuvent créer un univers nouveau, un monde qui ne soit pas fondé sur le désir de possession, le pouvoir et le prestige.


http://nous-les-dieux.org/Krishnamurti/1960's/Le_Sens_du_Bonheur/Jiddu_Krishnamurti_1963_Le_Sens_du_Bonheur_03
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptySam 3 Mar 2012 - 7:37

Que faut-il faire ?

"Ne faites rien, mais soyez ce que vous êtes. Faire, c’est fuir ce qui est, et fuir ce qui est est la forme la plus grossière de la stupidité. Ne traduisez pas, n’agissez pas, mais écoutez sans interrompre et sans interpréter jusqu’à la fin de l’histoire.

Alors seulement il y aura l’action. Ce que l’on doit faire n’a pas d’importance, ce qui importe c’est écouter."


 Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 178208
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyDim 11 Mar 2012 - 6:50

"Avant, il y avait un contrôle de la pensée, une concentration, il y avait un conflit entre le « penseur » se proposant de contrôler la pensée, et la pensée errant dans tous les sens. Et puis, tout à coup, il y a une subite illumination par laquelle on aperçoit que le « penseur » est la pensée, de même que l’« observateur » est la chose observée - c’est une réalisation, ce n’est pas une affirmation verbale, c’est un mouvement réel.

Alors toute cette notion du contrôle et de la concentration subit un immense changement ; l’esprit devient toute attention, quelque chose d’entièrement différent."
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMar 13 Mar 2012 - 5:57

La perception apporte sa propre action

"Voir ce qui est, est réellement ardu. Comment peut-on clairement observer ? Une rivière qui rencontre un obstacle n’est jamais calme ; la rivière brise l’obstacle par sa masse ou passe au dessus, ou trouve un passage par dessous ou le contourne ; la rivière n’est jamais immobile ; elle ne peut faire autrement qu’agir. Elle se révolte, si nous pouvons ainsi dire, intelligemment.

On doit se révolter intelligemment et accepter ce qui est avec intelligence. Pour percevoir ce qui est, il doit y avoir l’esprit d’une révolte intelligente. Ne pas se laisser abuser par une apparence nécessite une certaine intelligence ; mais généralement on est si désireux d’obtenir ce que l’on veut, que l’on se précipite contre l’obstacle. ; ou on se casse contre lui ou on s’épuise à lutter contre lui.

Voir la corde en tant que corde ne nécessite pas de courage, mais prendre la corde pour un serpent et alors l’observer nécessite du courage. L’on doit douter, toujours chercher, voir le faux pour le faux. On obtient la puissance de voir clairement par l’intensité de l’attention ; vous verrez que cela viendra.

On doit agir ; la rivière n’est jamais statique, elle est toujours active. L’on doit être dans un état de négation, pour agir ; cette négation intense apporte sa propre action positive. Je pense que le problème est de voir clairement, et alors cette perception intense apporte sa propre action. Quand il y a souplesse il n’y a aucune question de vrai et de faux.

On doit être très clair avec soi-même. Alors je vous assure que tout devient clair ; soyez clair et vous verrez que les choses apparaîtront distinctement sans que vous ayez à faire quoi que ce soit à ce propos. La vérité n’est pas ce qu’on désire.

Il doit y avoir complète révolution, pas seulement dans les grandes choses, mais dans les petites de la vie quotidienne."


http://www.krishnamurti-france.org/La-perception-apporte-sa-propre-action
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyMer 21 Mar 2012 - 18:47

"...Mais lire, jouer, rire, être cruel, être bon, contempler le fleuve, les nuages, tout cela fait partie de la vie ...

Et si vous ne savez pas lire .. Si vous ne savez pas marcher .. Si vous êtes incapable d'apprécier la beauté d'une feuille ... Vous n'êtes pas vivant .. Vous devez comprendre la globalité de la vie, pas simplement une parcelle !

... Voilà pourquoi vous devez lire ... Voilà pourquoi vous devez regarder le ciel .. Voilà pourquoi vous devez chanter, et danser, et écrire des poèmes, et souffrir, et comprendre : Car c'est tout cela, La Vie."
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 EmptyVen 23 Mar 2012 - 9:44

Merci pour cet extrait...

Ca rentre en résonance avec mes questionnements du moment...

Belle journée à toi
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MessageSujet: Re: Krishnamurti, son oeuvre...    Krishnamurti, son oeuvre... - Page 3 Empty

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